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LONDRES (JEUX OLYMPIQUES DE) [1948] Contexte, organisation, bilan

Juste avant l'ouverture des Jeux de Berlin qui vont donner lieu à la plus grande mascarade de l'histoire olympique, le C.I.O. tient sa trente-cinquième session dans la capitale du Reich. Du 29 au 31 juillet 1936, le Comité se réunit dans les locaux de l'université Friedrich-Wilhelm, la désignation de la ville d'accueil des jeux Olympiques de 1940 étant à l'ordre du jour. Deux cités sont candidates : Helsinki et T̄okȳo.

Certes, les Jeux de Berlin ne sont pas encore déclarés ouverts, mais aucune des personnalités présentes ne peut ignorer que les nazis ont déjà annexé les Jeux pour en faire un magnifique instrument de propagande à la gloire de leur régime nauséabond. Pour tenter – si c'est encore possible – de redonner un peu de fraîcheur au mouvement olympique dans un monde où les tensions s'exacerbent, le choix d'Helsinki paraît s'imposer : la Finlande semble alors un havre de paix, et ce pays où le sport tient une place importante a grandement contribué, au fil des éditions, au succès des Jeux par les exploits de ses athlètes. La solution nordique apparaît d'autant plus évidente que le Japon a envahi en 1931 la Mandchourie, province chinoise rebaptisée Mandchoukouo par les Nippons qui la contrôlent militairement. Mais, depuis sa création en 1894, le C.I.O. a avalé moult couleuvres, et l'expansionnisme japonais ne semble pas trop préoccuper les « cardinaux ». En outre, en organisant les Jeux avec faste, le Japon souhaite célébrer le deux mille six centième anniversaire de la fondation de l'Empire par Jimmu Tennō. Le dogme olympique – on ne mélange pas sport et politique – se confirme : les Jeux de 1940 sont confiés à Tōkyō, par trente-six voix contre vingt-sept.

Mais, le 8 juillet 1937, le Japon entame la seconde phase de l'invasion de la Chine : Pékin tombe aux mains de l'armée nippone dès le 7 août, Shanghai est prise le 26 novembre, Nankin le 10 décembre. Dès lors, les protestations internationales se multiplient, mais le C.I.O. reste sourd à toutes. Ainsi, l'Américain Avery Brundage se voit pressé d'intervenir par certains de ses compatriotes afin que les Jeux, en théorie symbole de paix, ne se tiennent pas dans un pays belliciste et soient repoussés ; l'homme qui avait déclaré en 1934 à son retour de Berlin « Il faut participer aux Jeux [de Berlin] » refuse fermement de voir la politique s'immiscer dans le mouvement olympique. Le docteur Cheting T. Wang, membre chinois du C.I.O., supplie ses collègues de revoir leur position, sans plus de succès...

Néanmoins, en février 1938, une menace de boycottage se fait plus précise : elle émane des pays qui participent alors aux Jeux de l'Empire britannique. En mars 1938, lors de la session du Caire, Jigorō Kanō rappelle à ses collègues du C.I.O. qu'il ne voit aucune raison sérieuse pour que tel ou tel pays boycotte les Jeux, affirme que le Japon sera prêt et que le financement de l'événement est assuré.

Le C.I.O. confirme certes sa neutre position, mais il prépare secrètement une solution de repli, Ernst Krogius, membre finlandais du C.I.O., indiquant que la candidature d'Helsinki demeure d'actualité. Et, dès le mois d'août 1938, cette solution de repli se voit mise en œuvre : en juillet, le Japon a en effet renoncé à organiser les Jeux, car, pour le pays du Soleil levant, il convient de ne plus disperser aucun yen, tous les fonds disponibles devant servir à entretenir l'armée et à couvrir les dépenses militaires. Ernst Krogius crée immédiatement un comité d'organisation, lequel fixe les dates des XIes jeux Olympiques d'été célébrant la XIIe olympiade : ils se dérouleront du 20 juillet au 4 août 1940. En septembre 1939, la Wehrmacht envahit la Pologne, mais Ernst Krogius indique que les Jeux d'Helsinki ne sont pas remis en cause[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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