JOHNSON LONNIE (1894-1970)
Lonnie Johnson, un des grands créateurs de la guitare moderne jazz et blues, jouée note par note avec un plectre, a influencé la majorité des guitaristes de blues, de jazz et de country music, de Robert Johnson et T-Bone Walker à Buddy Guy et Stevie Ray Vaughan en passant par B. B. King et Eric Clapton.
L'œuvre enregistrée, très abondante, de Lonnie Johnson s'étend sur plus de quarante ans, et comprend des ballades, des pièces pop et de vaudeville, des morceaux instrumentaux et de nombreux blues.
Né à La Nouvelle-Orléans le 8 février 1894, Alonzo Johnson joue très jeune dans un orchestre familial réputé. Il fréquente toute sorte de musiciens et de types de formation : minstrels blancs et noirs, pianistes de ragtime, premiers jazzmen (Kid Ory, notamment), fanfares, ensembles de cuivres, ensembles de variétés, orchestres et chanteurs des îles Caraïbes, groupes mexicains, chorales de marins, chorales religieuses et même, au moins à une reprise, l'orchestre de l'opéra de sa ville natale. Pour Lonnie Johnson, le blues ne sera toujours qu'un genre parmi d'autres. Il pratique aussi bien le piano, le violon, le banjo, la mandoline, la contrebasse que, bien entendu, la guitare.
Après sa participation à la Grande Guerre dans un orchestre « nègre » de l'armée américaine, Lonnie joue à travers les États-Unis, restant quelque temps dans chaque ville et marquant à chaque fois la scène musicale locale. À Dallas, il se lie aux bluesmen texans. Il se fixe un temps à Saint Louis, dans le Missouri, et épouse la chanteuse Mary Smith. En 1925, il enregistre sous son nom Mr. Johnson's Blues, le premier d'une longue liste de succès. Johnson, musicien élégant, urbain, sophistiqué et plein d'idées novatrices, est alors à des années-lumière des bluesmen de son temps. Sa guitare va ainsi orner les disques de quantité d'artistes de son époque. En 1927, son association en studio avec le bluesman texan Texas Alexander donne quelques-uns des grands chefs-d'œuvre de l'histoire du blues. Le jeu de guitare parcimonieux de Johnson influencera durablement tout le blues texan et californien. À Saint Louis, il va également, encore une fois, jouer un rôle majeur dans l'élaboration d'un blues local, progressivement basé sur des duos piano-guitare. Lonnie est à New York, à Chicago, à Memphis. Il enregistre avec Louis Armstrong des solos de guitare qui décideront de la carrière de Charlie Christian, avec le guitariste italo-américain Eddie Lang des duos qui établissent les canons fondateurs de la guitare jazz.
Mais, sans doute à son grand dam car Lonnie Johnson ne se voudra jamais un bluesman, ce sont ses blues qui se vendent le mieux. Après un éloignement des studios durant cinq ans, due à une querelle avec un producteur influent, Lester Melrose, il refait surface à Chicago, enregistrant à la guitare électrique dans le style orchestral du Chicago blues à venir. Ses blues ultra-sophistiqués aux textes doux-amers rencontrent les faveurs de la clientèle noire, avide de reconnaissance et de réussite sociale, obtenant même avec la ballade Tomorrow Night en 1948 un étonnant no 1 au Top 40 ! Sa réputation est telle que l'Europe va le sortir de sa semi-retraite pour une tournée triomphale en 1963. Lonnie Johnson trouve un engagement régulier dans un cabaret de Toronto, ville où il passera les dernières années de sa vie. Victime d'un accident de la circulation en 1969, il apparaît néanmoins une dernière fois sur scène en compagnie de Buddy Guy, qui joue respectueusement de la guitare tandis que le vieux maître chante une dernière fois ses blues et ses ballades. Le public lui fait une ovation debout durant plusieurs minutes. Le 16 juin 1970, Lonnie Johnson meurt à son domicile canadien de Toronto.
Lonnie Johnson : The First Of The Guitar Heroes (Frémeaux & Associés FA 262) présente en deux CD une[...]
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Écrit par
- Gérard HERZHAFT : écrivain
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