KRÜGER LORE (1914-2009)
Retour en Allemagne
Lore Krüger et son mari vont y poursuivre leur engagement contre le nazisme en participant à la fondation de la revue The German American, à laquelle contribuent de nombreux écrivains et opposants allemands. Lore réalise des portraits pour vivre, profitant du prestige de la photographie parisienne. Mais, dès la fin de la guerre, elle décide avec son mari de revenir en Allemagne, même si, comme elle le souligne dans un entretien audio avec Rémi Thomas (2007), « le retour en Allemagne a été la décision la plus difficile de [sa] vie ».
Installée à Berlin en zone soviétique, Lore Krüger abandonne la photographie pour raisons de santé et se consacre à la traduction de grands auteurs de la littérature anglo-saxonne, Mark Twain, Daniel Defoe ou Joseph Conrad. Ses traductions feront longtemps référence.
Si la centaine de tirages photographiques que l’on peut voir au musée d'Art et d'Histoire du judaïsme forment presque l’intégralité de l’œuvre connue de Lore Krüger, l’ensemble offre une grande cohérence. Ainsi, parmi les natures mortes se dégage la série des masques africains, qui se déploie telle la série des cathédrales de Monet. Ses portraits de la période parisienne ont la force de compositions picturales. Seul reportage connu, l’ensemble sur le pèlerinage gitan aux Saintes-Maries-de-la-Mer traduit son empathie pour cette communauté, qu’elle évoquera dans son autobiographie. Parmi les plus emblématiques et réussies, quelques photographies de pêcheurs sur l’île de Majorque concilient authenticité et exigence esthétique, au-delà même des principes du Bauhaus.
Morte le 3 mars 2009 à Berlin, Lore Krüger eut plus d’une vie. Militante, opposante au nazisme, traductrice, la jeune fille mélancolique dont Florence Henri fit un magnifique portrait fut aussi une artiste que des recherches historiques, désormais engagées, permettront certainement de mieux connaître.
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Écrit par
- Nicolas FEUILLIE : responsable des collections photographiques au musée d'Art et d'Histoire du judaïsme
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