LORENZACCIO, Alfred de Musset Fiche de lecture
Un défi au XIXe siècle
Lorenzaccio n'est pas seulement une pièce historique. Au travers d'une Florence de la Renaissance revue et corrigée par un Musset fasciné par l'Italie à l'instar de toute sa génération, c'est la France de 1833 qui se raconte avec ses désillusions : de même que Côme remplace Alexandre, Louis-Philippe, roi « bourgeois », a remplacé Charles X. En jouant le jeu du romantisme avec ses moments de doute et d'exaltation, en exprimant son rejet du vieux monde, Musset fait cependant figure de franc-tireur. Le ton, pour être grave, est souvent ironique. Il maintient la distance, refusant de célébrer un héros dont la cause est perdue – Lorenzaccio meurt avec un sentiment d'échec, sans vraiment savoir ce qu'il a combattu ni pour qui, sinon « un peuple d'esclaves ».
Bien plus qu'ailleurs, Musset se met ici en scène sous les traits de Lorenzaccio, enfant d'un siècle à l'identité vacillante qui n'offre d'autre perspective que l'ennui, l'impuissance, le néant : « Ah ! les mots, les mots, les éternelles paroles ! S'il y a quelqu'un là-haut, il doit bien rire de nous tous ; cela est très comique, très comique, vraiment. — Ô bavardage humain ! ô grand tueur de corps morts ! grand défonceur de portes ouvertes ! ô hommes sans bras ! » (IV, 9).
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Écrit par
- Didier MÉREUZE
: journaliste, responsable de la rubrique théâtrale à
La Croix
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Média
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