GHIBERTI LORENZO (1378 ou 1381-1455)
Formé dans l'atelier florentin de son beau-père, l'orfèvre Bartolo di Michele (Bartoluccio), Lorenzo di Cione Ghiberti poursuivit son apprentissage en tant que peintre et sculpteur dans les Marches avant de revenir à Florence sa ville natale, vers l'âge de vingt ans, pour participer au concours de la deuxième porte du baptistère de la cathédrale.
Connu principalement pour ses œuvres de sculpture en bronze qui témoignent d'une nouvelle conception de l'espace, Ghiberti étend également son activité aux domaines de la terre cuite, de l'orfèvrerie liturgique, des vitraux historiés et de l'ornementation architecturale. Son travail était apprécié dans toute la Toscane et même au-delà : à Sienne, à Pistoia, à Città di Castello. Le succès de sa carrière est dû à la continuité de son implantation locale dans les institutions florentines. Il voyagea aussi, à Venise en 1424 et à Rome, vers la fin des années 1420, pour compléter sa collection personnelle d'objets antiques.
Lorenzo Ghiberti est également célèbre pour avoir été l'un des premiers artistes à écrire un traité théorique. Dans les Commentaires, rédigés vers la fin de sa vie, il exposa sa conception historique et théorique de la pratique des arts. Sa carrière et son œuvre sont représentatives de la volonté des artistes du début de la Renaissance de s'émanciper de la condition des arts « mécaniques » pour accéder à celle des arts « libéraux » et de prétendre ainsi à une plus grande reconnaissance sociale et à une meilleure rémunération. Ghiberti exprima son désir d'accroître sa réputation auprès de ses concitoyens et de marquer son statut d'auteur en signant plusieurs de ses œuvres comme au baptistère de Florence les panneaux de la porte nord et de la porte du Paradis ainsi que la statue de saint Jean-Baptiste à Or San Michele.
Le concours de 1401
Le baptistère San Giovanni de la cathédrale Santa Maria del Fiore, construit au début du xiie siècle selon un plan octogonal évoquant celui du Latran à Rome dans lequel l'empereur Constantin avait été baptisé, était considéré par les Florentins comme le seul bâtiment de la ville inspiré des modèles de la Rome antique. Depuis la fin du Moyen Âge, l'Arte di Calimala, une corporation de riches marchands, en assumait les travaux d'entretien et de décoration. En 1329, elle avait commandé à Andrea Pisano une série de panneaux de bronze pour décorer l'une des portes du monument. En 1401, elle décide de faire décorer une deuxième porte, mais à l'issue d'un concours, selon une procédure courante à l'époque. Plusieurs artistes y participèrent, qui devinrent célèbres comme Filippo Brunelleschi ou Jacopo della Quercia. On leur demanda de réaliser un essai sur le thème du sacrifice d'Isaac en suivant un schéma iconographique prédéterminé (un paysage minéral avec un jeune garçon nu à l'Antique avec Abraham sur sa droite, un ange placé dans un des lobes supérieurs, deux domestiques et un âne) et une forme qui suivait exactement celle des panneaux polylobés réalisés soixante-dix ans plus tôt par Andrea Pisano. Le jury préféra la proposition de Ghiberti, car elle associait le nouvel intérêt pour une iconographie à l'Antique à un schéma narratif traditionnel propre à séduire un public plus conservateur. Cet ensemble illustrant les histoires du Nouveau Testament, et dont la réalisation s'acheva en 1424, est actuellement placé à la porte nord du baptistère.
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Écrit par
- Pascal DUBOURG-GLATIGNY : chercheur à l'Institut universitaire européen de Florence
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Médias
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