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MAAZEL LORIN (1930-2014)

Un musicien protéiforme

Chef d'orchestre comblé, Lorin Maazel a dirigé plus de cent cinquante orchestres dans le monde entier. En 2002, il avait déjà conduit plus de cinq mille concerts et représentations lyriques et enregistré plus de trois cent cinquante disques. Cette boulimie d'activités a souvent créé un sentiment de routine, au plus haut niveau certes. On ne traverse pas soixante ans de carrière sans avoir besoin de se ressourcer. Et ce sont souvent des opérations exceptionnelles qui ont masqué ces moments cruciaux : on le vit, par exemple, diriger dans la même journée l'intégrale des symphonies de Beethoven à la tête des trois principaux orchestres londoniens, au profit d'une œuvre caritative (1988). À chaque virage important, Maazel a su reprendre le dessus grâce à son incomparable technique et à sa mémoire exceptionnelle qui lui permet d'apprendre n'importe quelle partition en un temps record. Rien d'étonnant à ce qu'il possède l'un des plus vastes répertoires, la clé de sa lutte contre la routine. Tout au long de sa carrière, il a toujours continué à pratiquer le violon, jouant en soliste et dirigeant simultanément des concertos de Mozart notamment. Il possédait un Stradivarius de 1722 qui fut l'instrument du grand violoniste belge Alexandre Artôt.

Lorin Maazel s’est aussi livré à la composition : il a composé trois concertos – Music for Violoncello and Orchestra (pour Mstislav Rostropovitch, 1994), Music for Flute and Orchestra (pour James Galway, 1995) et Music for Violin and Orchestra (1997) –, un mouvement symphonique, Farewells, qu'il a créé en 2000 avec l'Orchestre philharmonique de Vienne, un opéra, 1984, d'après le roman de George Orwell, représenté pour la première fois à Covent Garden le 3 mai 2005. Il a également réalisé une synthèse symphonique de l'Anneau du Niebelung de Wagner, The Ring withoutWords.

Il n’a pas hésité à mettre sa notoriété au service de nombreuses organisations caritatives et à s'investir pour aider les jeunes musiciens. En 1997, il crée avec sa troisième épouse, l'actrice allemande Dietlinde Turban, la fondation Châteauville à Castleton Farms, en Virginie. Avec le mécène Alberto Vilar, il est à l'origine, en 2000, de la Maazel-Vilar Conductor's Competition Foundation, qui organise un concours international de direction d'orchestre et aide à l'insertion des jeunes chefs dans la vie professionnelle. En 2006, Maazel est nommé directeur musical à vie du Symphonica Toscanini, un orchestre de jeunes fondé à Rome, fixé à Milan un an plus tard.

La carrière de Lorin Maazel fut une des plus longues de l'histoire de la direction d'orchestre, lui permettant de diriger et d’occuper des postes permanents sous toutes les latitudes, dans toutes les cultures. En quête de nouvelles formes d'expression, son répertoire ne cessa de s'étendre Comme si, pour lui, le mot « limite » n’avait pas eu de sens.

— Alain PÂRIS

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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Média

Lorin Maazel - crédits : Alessandro Di Meo/ Ansa/ EPA

Lorin Maazel

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  • NEW YORK ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE

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