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LORRAIN CLAUDE GELLÉE dit CLAUDE (1600-1682)

De tout temps Claude Lorrain a été regardé comme le représentant le plus éminent du paysage classique. Le terme même s'identifie avec son nom. Grâce à ses bases réalistes, son art dépasse cependant les limites du classicisme, ce qui explique que son influence se soit exercée non seulement sur les paysagistes classiques, mais sur des maîtres du rococo, sur les romantiques, sur tant d'autres encore tels que Wilson, Corot, Segonzac. Ses dessins s'adressent directement à la sensibilité moderne. Spécialiste d'un genre qui comptait peu dans l'ancienne hiérarchie théorique, il fut ignoré de Bellori et de Félibien ; mais les amateurs de son époque se montrèrent moins soucieux des classements et les historiographes Sandrart, Baldinucci et Pascoli lui ont consacré un éloge unanime.

Genèse d'un art

On ne peut plus décrire Claude Lorrain comme le personnage simple et d'esprit modeste, dont l'image a pu naître par comparaison avec l'érudition de Poussin. Claude connaît Ovide, Virgile et d'autres auteurs classiques. Interprète moins personnel des thèmes classiques que Poussin, il est exclusivement le peintre de l'aristocratie, sans être soumis à personne. Ses clients sont les papes, d'abord Urbain VIII, des cardinaux, des évêques, un roi, un connétable, des princes, des ducs et des ambassadeurs ; et chaque pape suscite parmi ses protégés une nouvelle série de clients. C'est seulement au début de sa carrière que Claude peignit beaucoup pour la France. Par la suite, il devient plus romain et plus international. Ses principaux clients sont alors le roi d'Espagne, le cardinal Giorio, protégé des Barberini, l'évêque flamand Van Halmale, le prince Lorenzo Colonna – le plus important de tous – et le prince Falconieri. Particulièrement illustre et significative aussi du succès général que remporte Claude, cette clientèle est plus typique d'un grand artiste de l'époque que les connaisseurs bourgeois pour lesquels Poussin travaille.

L'œuvre est vaste. Il comprend aujourd'hui deux cent cinquante tableaux connus (sur trois cents qui furent créés, sans compter la production restée inconnue de la jeunesse), douze cent cinquante beaux dessins (dans ce domaine, les disparitions sont sans doute considérables) et cinquante gravures. Le gros de cette production se trouve depuis deux siècles dans des musées et des collections privées anglaises. Depuis peu, l'Amérique s'est fortement enrichie d'œuvres de Claude. La France ne possède de lui qu'une vingtaine de tableaux, tous antérieurs à 1647, et une centaine de dessins.

<it>La Lapidation de saint Étienne</it>, A. Elsheimer - crédits :  Bridgeman Images

La Lapidation de saint Étienne, A. Elsheimer

La genèse de l'art de Claude est assez facile à saisir, même si bien des éléments concernant ses débuts font défaut. En premier lieu, il faut citer Agostino Tassi et son entourage. Claude, qui ne reçoit qu'une brève formation scolaire à Chamagne, son village natal en Lorraine, arrive à Rome adolescent et se met au service de Tassi, d'abord comme valet, ensuite comme élève et assistant. Élève de Paul Bril, Tassi est un décorateur de talent qui a subi l'influence d'Adam Elsheimer et d'Annibale Carrache dans le domaine du paysage. Par l'intermédiaire de Tassi, ces maîtres président aux débuts de l'art de Claude. Mentionnons encore Claude Deruet et Jacques Callot, d'origine lorraine eux aussi, Filippo Napoletano, Goffredi Wals, miniaturiste allemand à la manière d'Elsheimer et maître de Claude, à Naples, pendant deux ans. Les premières œuvres de Claude se confondent avec la vaste production de l'atelier de Tassi. Ce sont des scènes côtières et des paysages décoratifs souvent peints avec plus de verve que de précision. L'originalité de Claude Lorrain n'apparaît guère avant sa trentième année, et ses toiles de l'époque sont parfois loin d'atteindre la perfection des œuvres exécutées par la suite.[...]

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<it>La Lapidation de saint Étienne</it>, A. Elsheimer - crédits :  Bridgeman Images

La Lapidation de saint Étienne, A. Elsheimer

<it>Port de mer, effet de brume</it>, C. Lorrain - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Port de mer, effet de brume, C. Lorrain

<it>La Fête villageoise</it>, C. Lorrain - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

La Fête villageoise, C. Lorrain

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    ...milieux néerlandais de Rome ou d'Anvers, on appelle ce triste métier op de galey schilderen, ce qui veut dire « peindre comme un galérien ». C'est pour se défendre contre les contrefaçons que Claude Lorrain (1600-1682) recopiait ses tableaux dans un livre de raison, le Liber veritatis.
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