LOS ANGELES
Les étapes du développement
Des travaux de géographes et d'historiens publiés dans les années 1980 ont démontré que la structuration de la ville de Los Angeles au profit d'un paysage essentiellement suburbain résultait d'une part de la nature des flux migratoires principalement composés d'Américains et, d'autre part, des forces économiques n'exigeant aucune concentration spatiale.
Los Angeles a accueilli, à partir des années 1870, des Américains venus de la côte est puis du Midwest en quête d'un cadre de vie proche de la nature, à l'image de l'idéal urbain formalisé par des intellectuels qui, au milieu du xixe siècle, avaient estimé que la banlieue constituait un compromis acceptable pour une société s'industrialisant tout en cherchant à préserver les valeurs associées au monde rural (« le mythe pastoral »). Les Américains qui se dirigeaient vers Los Angeles n'étaient pas mus, comme dans le cas de Chicago ou de San Francisco, par des motivations économiques, mais cherchaient tout simplement à vivre différemment que dans les villes de la côte est. Avec l'arrivée des Anglo-Saxons, l'activité, qui jusqu'ici avait été essentiellement confinée au Pueblo, ne tarda pas à envahir le territoire situé le long des cinq lignes de chemin de fer qui desservaient San Fernando, San Bernardino, Anaheim, Wilmington (qui deviendra plus tard le site du port) et Santa Monica. Quant au développement économique, il a reposé au départ sur la spéculation foncière, l'agriculture commerciale, l'exploitation de puits de pétrole et, au tournant du siècle, sur l'aéronautique et le cinéma.
La dynamique de la croissance enregistrée par Los Angeles s'est appuyée, au début du xxe siècle, sur la volonté d'une oligarchie composée d'hommes d'affaires et sur un quotidien ambitieux, le Los Angeles Times, qui, ensemble, n'ont pas hésité à faire la promotion de cette ville de la Frontière dans le reste des États-Unis et qui ont réussi à influencer l'opinion publique pour qu'elle se prononce en faveur de la construction d'infrastructures lors des référendums organisés par la municipalité. Ils ont su faire partager leur vision de l'avènement d'une métropole de grande envergure. La quête de l'eau dans une région semi-désertique a longtemps été une priorité, et elle se fit parfois dans la violence, comme l'illustre le film de Roman Polanski, Chinatown (1974). Au début du xxe siècle, l'ingénieur William Mulholland eut le premier l'idée d'aller chercher l'eau au nord, dans la vallée de l'Owens, située dans la sierra Nevada (Los Angeles Aqueduct). Au cours des années 1930, Los Angeles entreprit cette fois-ci d'aller puiser l'eau jusque dans le Colorado, grâce au concours de l'État fédéral qui a permis la réalisation d'importants barrages et canaux (Colorado River Aqueduct). La ville de Los Angeles a mis au point dans les années 2010 le plan One Water LA 2040 pour assurer une gestion soutenable de l’usage de l’eau dans un contexte marqué par une plus grande incertitude au sujet des sources d’approvisionnement, le réchauffement climatique rendant cette question toujours plus critique.
Après avoir été espagnole puis mexicaine tout en se définissant par moment comme une entité cosmopolite, Los Angeles a été par la suite et pendant un siècle habitée principalement par une population anglo-saxonne, voire WASP (White Anglo-Saxon Protestants), tout en tolérant des communautés mexicaines, chinoises, japonaises et noires. À partir des années 1960, les flux migratoires ont surtout été le fait d'étrangers en provenance d'Amérique latine (prioritairement du Mexique) et d'Extrême-Orient, en raison d'une politique nationale de l'immigration permettant le regroupement familial (votée par[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Cynthia GHORRA-GOBIN : directrice de recherche émérite au CNRS-CREDA, université Sorbonne Nouvelle, Paris, professeur à l'institut des hautes études de l'Amérique latine, Paris
Classification
Médias
Autres références
-
CALIFORNIE
- Écrit par Annick FOUCRIER
- 3 080 mots
- 8 médias
...développement de la ville malgré une reconstruction rapide. En 1914, l’ouverture du canal de Panamá relance l’économie de la région au bénéfice de Los Angeles, en facilitant le commerce maritime entre la côte est et la côte ouest des États-Unis. C’est aussi à « L.A. », dans le quartier de ... -
ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Le territoire et les hommes) - Géographie
- Écrit par Jacqueline BEAUJEU-GARNIER , Catherine LEFORT et Laurent VERMEERSCH
- 19 922 mots
- 19 médias
– L'ensemble « San-San », de San Diego à San Francisco, est en effet le plus dynamique. Centrée sur l'aire métropolitaine de Los Angeles, la mégalopole californienne s'organise autour de deux pôles majeurs : l'ensemble San Francisco-Oakland-San Jose au nord, et celui qui est formé par Los Angeles-San... -
ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Le territoire et les hommes) - Histoire
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Claude FOHLEN , Annick FOUCRIER et Marie-France TOINET
- 33 218 mots
- 62 médias
...la scène publique lorsque de violentes émeutes raciales éclatent à Miami en 1989, à Crown Heights, un quartier de Brooklyn, en 1991, et, surtout, à South Central (Los Angeles) en avril 1992 (faisant 52 morts, 21 millions de dollars de dommages). Dans cette dernière affaire, quatre policiers blancs,... -
GEHRY FRANK O. (1929- )
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Simon TEXIER
- 1 608 mots
La source première de l'inspiration de Gehry demeure toutefois cette ville chaotique qu'est Los Angeles. Chaque bâtiment en est une métaphore, l'occasion d'exprimer un désordre doublé du spectre du tremblement de terre qui menace la Californie. La maison qu'il construit pour un cinéaste (1981) ou le... - Afficher les 9 références