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LOTERIES

Pour la plupart des dictionnaires de la langue française, les loteries sont des jeux de hasard consistant dans le tirage au sort de numéros qui désignent des billets gagnants et donnent droit à des lots, une définition proche de celle du Littré : « Sorte de jeu de hasard où se font des mises pour lesquelles on reçoit des billets portant des numéros. »

Une analyse de l'univers assez foisonnant des loteries de toute espèce permet d'en proposer une description plus précise et plus large à la fois. Les loteries sont des jeux d'argent où l'on parie sur la sortie d'un ou plusieurs numéros tirés au sort ; elles associent deux instruments : une grille numérotée, individuelle (billet, ticket, etc.) ou collective (tableau), affichant les numéros (ou symboles) contenus dans le jeu, à la disposition des joueurs (parieurs), et un générateur de nombres aléatoires (dé, boules numérotées, tourniquet, bille jetée dans un plateau alvéolé, ordinateur, résultat d'un concours ou d'une élection, etc.) manipulé par un opérateur (ou « banquier »).

On voit par là que plusieurs jeux relèvent de cette catégorie : la roulette aussi bien que le LOTO® . Mais la première est une loterie à résultat immédiat, quand le second est une loterie à résultat différé. Les loteries à résultat immédiat s'assimilent à des jeux « de société » et usent d'un tableau collectif ; le jeu rassemble un petit nombre de joueurs, le tirage étant effectué et le résultat proclamé aussitôt après le dépôt des mises. Les loteries à résultat différé (loteries d'État) s'adressent à un nombre illimité de joueurs et nécessitent une organisation complexe. Les joueurs achètent une grille individuelle (billet, ticket, carton) qui représente leur enjeu. L'enregistrement des mises s'étalant sur une période longue, le résultat est renvoyé à un moment précis annoncé à l'avance et rendu public.

Les loteries sont des jeux de hasard pur : chaque coup est indépendant des autres ; il n'y a pas de « mémoire » des coups, donc pas de stratégie possible. La sagacité et les systèmes de jeu ne peuvent qu'échouer. Cela exclut donc du champ des loteries les concours de pronostics comme ceux habituellement pratiqués sur les courses de chevaux, les matches de football et autres événements sportifs. Ce caractère de jeu de hasard pur vaut aux loteries d'être interdites en principe à peu près partout et de n'être autorisées que par dérogation spéciale. Elles sont alors strictement réglementées.

Les loteries supposent un « contrat », matérialisé par un document (la « grille »), par lequel le joueur parie de l'argent sur l'éventualité de la sortie d'un numéro ou d'une séquence de numéros. L'opérateur s'engage à payer aux gagnants les sommes auxquelles ils ont droit. Ce lien d'argent, indispensable, incite à ne pas confondre loterie et tirage au sort. En effet, la seule attribution de lots ou de charges par tirage au sort n'appelle pas l'engagement d'un pari d'argent.

Les « loteries » chez les Romains : un malentendu

Cette confusion a conduit à attribuer aux Romains l'invention de ces jeux, quitte à s'étonner de leur disparition pendant le Moyen Âge. L'affirmation souvent répétée que les Romains organisaient des loteries lors de fêtes ou de banquets relève d'une vision anachronique : on cherche en vain dans les usages romains le pari d'argent et le tirage au sort de numéros qui caractérisent les loteries telles que nous l'entendons, c'est-à-dire dans l'acception que le terme loterie a prise dès sa naissance au xve siècle. En fait, les prétendues loteries attribuées à Auguste s'appuient sur un texte de Suétone (Vies des douze césars, « Auguste », lxxv) qui évoque les petits[...]

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Écrit par

  • : licencié ès lettres, ingénieur du Conservatoire national des arts et métiers, historien du jeu

Classification

Média

La roulette - crédits : Kevin Horan/ The Image Bank/ Getty Images

La roulette

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