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LOTERIES

Les loteries à résultat immédiat

Les loteries à résultat immédiat (que l'on distinguera des loteries instantanées) usent d'un tableau collectif (sauf le cavagnole, loterie de salon fort prisée au xviiie siècle, et le loto familial). Le jeu rassemble un petit nombre de joueurs (de quelques-uns à une vingtaine) et, une fois les mises faites, le résultat est immédiatement proclamé après que le générateur de hasard a été actionné ; le pari à la cote est de rigueur. On distingue les loteries simples des loteries à chances multiples.

Les loteries simples

Un tableau de mises, offrant un petit nombre de cases (de six à douze, le plus souvent), est associé à un générateur de hasard élémentaire, qui peut être un dé unique ou un toton. Le tchic-tchic des quartiers populaires, où un tableau est hâtivement tracé au marqueur sur le fond d'une caisse de bananes retournée, en offre l'exemple le plus aisément reconnaissable. Les parieurs sont invités à miser une somme sur la case correspondant au nombre qu'ils espèrent voir sortir. L'opérateur agite un dé ordinaire dans une boîte en fer blanc (boîte de Ricoré de préférence) puis retourne celle-ci sur la caisse pour révéler le dé (souvent pipé !) dont la face supérieure désigne le numéro vainqueur. L'officiant ramasse les mises perdantes et paie double le gagnant. Avantage mathématique de l'opérateur : 50 p. 100.

Ce genre de loterie élémentaire est extrêmement répandue avec divers raffinements. Le crown and anchor des marins anglais (piek en zon chez les Hollandais) ressortit à cette catégorie, de même que de nombreux jeux asiatiques. Au Moyen Âge et à la Renaissance, il était courant d'utiliser un échiquier. Selon que le dé tombait sur une case noire ou une case blanche, on payait ou non l'enjeu. Autre forme très populaire de loterie simple, le jeu du « sept », parfois aussi appelé « jeu du Juif » ou, en Italie, giocodella barca, utilisait deux dés et un tableau à douze cases. Celui qui obtenait un sept raflait la totalité des mises. Avec trois dés, on a le jeu de la chouette (en italien, pela il chiù) ou celui de carical'asino (« charge l'âne »). Imprimés sur papier, ces jeux relèvent le plus souvent de l'imagerie populaire. Une forme peut-être plus ancienne est celle du tourniquet, parfois improprement appelé « roulette ». Le tourniquet est un cadran numéroté, pourvu d'une aiguille que l'opérateur lance. Les baraques foraines en ont conservé l'usage, mais des exemples du xve siècle existent, avec chiffres (romains) en caractères gothiques.

Les loteries à chances multiples

La roulette - crédits : Kevin Horan/ The Image Bank/ Getty Images

La roulette

Les loteries à chances multiples sont celles où les joueurs peuvent placer leurs mises sur plusieurs numéros à la fois, généralement contigus. La répartition des cases du tableau offre diverses possibilités : colonnes, rangées, diagonales, zones spéciales, etc. En échange de cette répartition des risques, la banque offre un gain moindre. C'est le mécanisme de la roulette. Mais, avant que la roulette moderne n'apparaisse, à Paris dans les dernières années du xviiie siècle, de nombreux jeux de même principe l'avaient précédée. Le hoca (auca), sans doute né en Catalogne au début du xviie siècle, est probablement le premier représentant de la famille. Pourvu de 48 cases (mais 30 seulement en France), il employait des billets numérotés en nombre égal, placés dans un chapeau, plus tard dans une bourse. Le jeu fut vigoureusement interdit par Louis XIV. Venu d'Italie, le biribi (biribisso, biribissi) n'est guère différent – avec 36, 42, 64 et même 70 cases – mais offre quelques améliorations quant au tirage des numéros. Omniprésent au xviiie siècle, sauf en Angleterre où on l'ignore, le biribi n'a pas résisté à la concurrence de la roulette, dont il est un des incontestables précurseurs.[...]

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Écrit par

  • : licencié ès lettres, ingénieur du Conservatoire national des arts et métiers, historien du jeu

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Média

La roulette - crédits : Kevin Horan/ The Image Bank/ Getty Images

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