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LORENZO LOTTO, 1480-1557 (exposition)

Après Georges de La Tour, c'est Lorenzo Lotto, autre « reconquête » de l'histoire de l'art, qui a été mis a l'honneur à Paris au Grand Palais, d'octobre 1998 à janvier 1999, dans une rétrospective qui fut d'abord présentée à la National Gallery of Art de Washington puis à l'Accademia Carrara de Bergame. Conçue par David Alan Brown, cette exposition itinérante offrait à la contemplation du public un choix d'une cinquantaine d'œuvres majeures de l'artiste. Les éditeurs, une fois de plus, étaient au rendez-vous : parue dès 1996 chez Adam Biro, l'excellente monographie de Jacques Bonnet, auteur à la fois très personnel dans ses jugements et très prudent dans ses hypothèses, avait devancé l'événement, suivie, en 1997, chez Gallimard, par celle, plus académique, de Peter Humphrey, l'un des commissaires de l'exposition ; en 1998, enfin, outre le remarquable catalogue édité par la Réunion des musées nationaux, paraissait, chez Gallimard, un beau livre cosigné par Peter Humphrey, Carlo Pirovano et Mauro Lucco, sur les fresques de la chapelle Suardi à Trescore, l'une des réalisations les plus savoureuses de Lotto.

Né à Venise en 1480, formé dans la mouvance bellinienne, peut-être par Alvise Vivarini, Lorenzo Lotto est, par sa personnalité comme par son œuvre, l'une des figures les plus singulières de la Renaissance italienne. Après un séjour à Trévise et dans les Marches (Recanati) de 1503 à 1508, il participe à Rome au chantier de décoration des appartements pontificaux du Vatican, ce qui le met en contact avec Raphaël, au moment où Michel-Ange peint les fresques de la chapelle Sixtine. On le retrouve ensuite dans les Marches et à Bergame, ville où il passe une douzaine d'années. À la fin de 1525, il est de retour à Venise. En 1542, il est à Trévise, en 1545 et 1546 il s'installe de nouveau à Venise, qu'il quitte définitivement trois ans plus tard pour les Marches. Il va ensuite à Ancône, en 1552, puis à Lorette, où il devient oblat de la Santa Casa en 1554 et s'éteint fin 1556-début 1557.

Quelque peu oublié après sa mort, malgré notamment la persistance d'œuvres religieuses de sa main dans les sanctuaires pour lesquels elles avaient été peintes, malgré les notices que lui consacrèrent successivement des historiographes, à commencer par le Toscan Giorgio Vasari en 1568 (dans la réédition des Vite), Lotto ne fut « réinventé », c'est-à-dire étudié et remis à l'honneur, qu'à partir de la fin du xixe siècle, grâce aux recherches menées dans les archives : ce fut d'abord, en 1887, la redécouverte, à Venise, d'un testament de 1646, puis celle, en 1892, à Lorette, d'un précieux livre de comptes, le Libro di spese diverse, document abondant en notations révélatrices d'un esprit religieux, inquiet et tourmenté ; en 1895, enfin, l'historien d'art américain Bernard Berenson consacrait à l'artiste une première monographie (Lorenzo Lotto. An Essay in Constructive Art Criticism, New York et Londres).

C'est en 1953 seulement que fut organisée à Venise la première grande exposition de l'œuvre peint de Lotto : rédigé par l'un des meilleurs spécialistes italiens, Piero Zampetti, son catalogue regroupe une centaine de numéros. Un cortège de livres l'accompagnaient, preuve de la vitalité des études « lottesques » en Italie (Anna Banti et Antonio Boschetto, L. Angelini, Luigi Coletti, Terisio Pignatti). Au cours des décennies suivantes, de nouvelles avancées se produisirent dans la connaissance et la diffusion de l'œuvre de Lotto avec l'ouvrage de Philip Pouncey consacré à son œuvre dessiné, aujourd'hui fort rare (une vingtaine de pièces) bien qu'il dût être abondant (Lotto disegnatore, Vicence, 1965), et la publication, en 1975 chez[...]

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