BELLSON LOUIE (1924-2009)
Méconnu en Europe, l'Américain Louie Bellson fait néanmoins partie de la fine fleur des batteurs de sa génération. Partenaire habituel des plus grands solistes, il reste avant tout, au-delà d'un incontestable talent de compositeur et d'arrangeur, l'un des maîtres de la percussion dédiée aux grands orchestres. Dans son autobiographie Music is My Mistress, Duke Ellington ne cache pas son admiration : « Qu'il accompagne ou qu'il joue en solo, il incarne la quintessence de la perfection. »
Luigi Paulino Balassoni naît le 6 juillet 1924 (la date du 26 juillet, qui figure dans de nombreuses biographies, semble désormais erronée) à Rock Falls, dans l'Illinois. Son père, d'origine napolitaine, vend des instruments de musique pour nourrir ses huit enfants. Le jeune Luigi choisit la batterie et réalise de très rapides progrès. Dès ses treize ans, l'instrumentiste – qui est aussi un habile danseur de claquettes – fait ses premiers pas sur scène. Il prend des leçons auprès de Roy Knapp, professeur réputé à Chicago – il a eu pour élève le grand Gene Krupa –, et remporte en 1940, dans la catégorie « moins de 18 ans », un concours précisément placé sous l'égide de Krupa. Ted FioRito, animateur d'un célèbre orchestre de danse, l'appelle à Hollywood au cours de l'été de 1941. De septembre 1942 à avril 1943, le jeune homme appartient, sous le nom américanisé de Louie Bellson, à la formation de Benny Goodman, qui l'accueillera de nouveau, à l'issue de son service militaire, en 1946 puis en 1947. De 1947 à 1949, il officie dans l'orchestre de Tommy Dorsey. Il y rencontre le trompettiste Charlie Shavers, avec qui il constitue en 1950 un éphémère sextette. Il effectue un bref passage dans l'orchestre de Harry James et rejoint en mai 1951, avec deux autres transfuges de ce dernier – le saxophone alto Willie Smith et le tromboniste Juan Tizol –, la formation de Duke Ellington, où il remplace Sonny Greer. Il va apporter à l'illustre phalange une vitalité nouvelle et un enthousiasme communicatif. Sur ses propres thèmes et arrangements, comme The Hawk Talks, Ting-A-Ling ou encore Skin Deep – véritable concerto pour batterie et orchestre où il déchaîne le tonnerre en utilisant de manière spectaculaire deux grosses caisses –, il dévoile des dons évidents de meneur de jeu. De cette époque se détachent les albums Duke Ellington's Coronets (1951), The Hawk Talks (1951), Ellington Uptown (1951-1952, avec Skin Deep). Il quitte le Duke en 1953 pour se consacrer à l'accompagnement et à la gestion de la carrière de Pearl Bailey, chanteuse qu'il a épousée en novembre de l'année précédente. Louie Bellson intègre en 1954 Jazz At The Philharmonic de Norman Granz, enregistre en illustre compagnie l'album The Art Tatum-Benny Carter-Louis Bellson Trio (1954), joue au sein du Dorsey Brothers Orchestra (1955-1956), participe en 1956 à l'enregistrement de l'album du Duke A Drum is a Woman, remplace en 1962 Sonny Payne dans le big band de Count Basie...
Alors au sommet de son art, Louie Bellson peut alterner, avec un sens aigu du spectacle et une renversante virtuosité, une puissance de feu dominatrice et une légèreté de touche – notamment aux cymbales – peu commune. À la fois souple et précis, il redonne avec exubérance un second souffle à la batterie des big bands nés de l'ère swing (Big Band Jazz from the Summit, 1962). Suivent de brèves retrouvailles avec Duke Ellington – le temps de participer à son premier Concert of Sacred Music, en 1965 – et Harry James. À partir de 1967, il dirige son propre big band, qui comptera parmi ses membres les trompettistes Cat Anderson, Conte Candoli, Bobby Shew, les saxophonistes Don Menza, Pete Christlieb, Ted Nash, Joe Romano, les contrebassistes John Heard, George Duvivier, le pianiste[...]
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
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