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ARMSTRONG LOUIS (1901-1971)

Itinéraire musical

De la naissance à la fin de l'ère Nouvelle-Orléans (1901-1929)

Louis Armstrong naît le 4 août 1901 à La Nouvelle-Orléans (et non le 4 juillet 1900, comme l'ont longtemps fait croire la légende et le trompettiste lui-même), dans le quartier pauvre de Perdido. De bonne heure, il chante dans des cabarets et reçoit quelques leçons du trompettiste légendaire Bunk Johnson. En 1913, le jour de la Saint-Sylvestre, il s'empare d'un pistolet et s'amuse à tirer en l'air : cela lui vaut une année de maison de correction, durant laquelle il développe sa technique instrumentale. À sa sortie, il joue dans des ensembles de danse mais aussi, pour vivre, vend des journaux, livre du charbon et travaille dans une laiterie.

Le grand départ de la carrière d'Armstrong coïncide avec son entrée, en 1922, dans le Creole Jazz Band de « King » Oliver, qu'il rejoint à Chicago. C'est avec ce petit orchestre qui, par sa qualité et l'équilibre de sa section mélodique (cornet, clarinette, trombone), fixe pour nous, à travers les quelques documents qui nous restent, l'image exemplaire du jeu Nouvelle-Orléans, qu'il grave ses premiers enregistrements. Ceux-ci inaugurent une discographie abondante et suivie, d'autant plus précieuse qu'en jazz le disque est le seul moyen de conservation des œuvres.

En 1924, Louis Armstrong est engagé dans la grande formation de Fletcher Henderson, à New York. De retour à Chicago, en 1925, il réunit, pour divers enregistrements, son premier Hot Five (cinq musiciens) qui comprend, notamment, le clarinettiste Johnny Dodds et le trombone « Kid » Ory (principales exécutions : Cornet Chop Suey, Heebie Jeebies, Big Butter and Egg Man, Muskrat Ramble), puis, en 1927, son Hot Seven (sept musiciens), qui s'enrichit d'un batteur, « Baby » Dodds, grâce auquel le petit groupe acquiert cette assise rythmique qui faisait un peu défaut au Hot Five (principales exécutions : Willie the Weeper, Alligator Crawl, Twelfth Street Rag, Potato Head Blues, Wild Man Blues).

En 1928, enfin, Louis Armstrong dirige son second Hot Five, où l'on relève le nom du grand batteur « Zutty » Singleton et, surtout, celui de Earl Hines, dont le jeu plein de verve réalise, avec un brio presque égal à celui de son modèle, une transposition pianistique du style d'Armstrong (principales exécutions : Weather Bird – un duo Hines-Armstrong seuls – Fireworks, A Monday Date, Basin Street Blues, Hear Me Talking to Ya, St. James Infirmary et deux chefs-d'œuvre, West End Blues et Tight like This).

Après 1929

En 1929, Armstrong accède au sommet de sa courbe créatrice. Il est une grande vedette, maintenant, et il lui faut compter avec le public. L'ère du jazz Nouvelle-Orléans est bien close et le trompettiste, délaissant le petit groupe, se produit avec ces grands orchestres qui sont désormais en faveur, et notamment avec ceux de Luis Russell, de Carroll Dickerson, de Les Hite, de « Chick » Webb. Son jeu, qui est parvenu à sa plus grande virtuosité instrumentale, penche vers l'expressionnisme et cultive un peu l'effet (principales exécutions : I Can't Give You, Mahogany Hall Stomp, St. Louis Blues, Shine, Chinatown, You Rascal You, Lawd You Made the Night too Long).

L'Europe le voit en 1932 et en 1933-1934. C'est alors que l'état de ses lèvres le contraint à suspendre son activité. Quand il la reprend, toujours accompagné par une grande formation, son style s'est modifié dans le sens d'une sobriété et d'une concentration plus grandes (principales exécutions : Thanks a Million, un « remake » de West End Blues, et, surtout, I Can't Give You Anything But Love – nouvelle et magistrale version). Puis, à partir de 1940, Louis Armstrong participe au mouvement Revival qui s'efforce de reconstituer et de relancer le jazz Nouvelle-Orléans.[...]

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Billie Holiday et Louis Armstrong - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Billie Holiday et Louis Armstrong

Louis Armstrong - crédits : Bettmann/ Getty Images

Louis Armstrong

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