DELESCLUZE LOUIS CHARLES (1809-1871)
Cet homme, qui sera la plus grande autorité morale de la majorité communarde, est d'extraction bourgeoise. Ses luttes incessantes pour la République, son courage, sa volonté farouche, malgré ses multiples emprisonnements et ses épreuves, lui vaudront le surnom de Barre de fer. Étudiant en droit, clerc d'avoué, journaliste, Louis Charles Delescluze est poursuivi pour complot républicain en 1836 et se réfugie en Belgique. Revenu en France, il dirige L'Impartial du Nord. En 1848, il proclame la république à Valenciennes : en retour, le gouvernement provisoire le nomme commissaire de la République pour le département du Nord. Battu aux élections à la Constituante, il fonde à Paris le journal La Révolution sociale et démocratique et l'association Solidarité républicaine, qui groupe des radicaux et des socialistes. Après les journées de juin, il est condamné et fuit en Angleterre. Rentré en France, il est emprisonné à Sainte-Pélagie, à Belle-Isle, à Corte, puis à Cayenne. Libéré, il fonde Le Réveil (1860). Suspendu en août 1870, après de multiples poursuites, ce journal reparaît le 7 septembre. Delescluze incarne alors toutes les vertus jacobines : intransigeance, honnêteté, esprit d'autorité, républicanisme socialisant. Il s'ouvre alors aux idées de son ancien adversaire Proudhon. Cet esprit centralisateur admet le développement des libertés communales. Le 5 novembre 1870, il est élu maire du XIXe arrondissement, mais démissionne le 6 janvier 1871 et appelle à l'insurrection contre les « capitulards » ; il est arrêté le 22 janvier. Élu par un vote massif à l'Assemblée nationale, il condamne le gouvernement de la Défense nationale. Après le 18 mars, il est élu membre de la Commune et donne sa démission de député, le 30 mars. Il appartient à la commission des Relations extérieures (29 mars), à la commission exécutive (4 avr.), à la commission de la Guerre (21 avr.-8 mai), au deuxième Comité de salut public (9 mai) et il est nommé délégué à la Guerre (11 mai). Lors de l'entrée des versaillais dans Paris, il en appelle le 24 mai à une guerre de quartiers (« Place au peuple, aux combattants aux bras nus ! »). Désespéré, il choisit de se faire tuer sur une barricade du Château-d'Eau, ne voulant « servir de victime ou de jouet à la réaction victorieuse ». Malgré son autoritarisme de Jacobin et la courte vue de ses actions, « sa probité proverbiale » (Lefrançais) et son courage exceptionnel lui firent dépasser les divisions de la Commune. Un suprême hommage lui fut rendu par ses ennemis : bien que le conseil de guerre ait reconnu que « sa mort est de notoriété publique », il le condamna à mort par contumace en 1874.
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Écrit par
- Jean BANCAL : docteur ès lettres, ès sciences économiques, docteur en droit, professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne, directeur du Centre d'études et de recherches pour le développement intégré
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Autres références
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COMMUNE DE PARIS
- Écrit par Édith THOMAS
- 6 497 mots
- 8 médias
...majorité groupe des blanquistes se réclamant du vieux prisonnier, qu'on cherchera par la suite à échanger contre l'archevêque de Paris, Mgr Darboy ; des jacobins, qui ont fait la révolution de 1848, et ont gardé le souvenir de la Révolution de 1789 (Delescluze incarne ce type de républicain) ; des...