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FAIDHERBE LOUIS (1818-1889)

Général et colonisateur français. Issu d'une famille modeste (son père, ancien volontaire de 1792, était bonnetier à Lille), Louis Faidherbe est nommé officier du génie à sa sortie de Polytechnique et fait de longs séjours en Algérie entre 1842 et 1852, acquérant ainsi une expérience directe et précoce du monde musulman. Envoyé au Sénégal en 1852, il en devient gouverneur de 1854 à 1861, puis de 1863 à 1865. Le Sénégal d'avant Faidherbe se compose de quelques comptoirs au commerce languissant, Saint-Louis, l'île de Gorée et les escales du fleuve, ces dernières sans cesse menacées par les exactions des Maures qui pillent et prétendent lever des droits exorbitants sur les transactions, les fameuses « coutumes ». Depuis l'abolition de la traite des Noirs, l'activité économique repose sur le médiocre commerce de la gomme qui est récoltée dans les oasis du désert et vendue par les Maures sur les rives du fleuve. En quelques années d'une politique coloniale cohérente et énergique, le nouveau gouverneur transforme le Sénégal en une vaste colonie en plein essor. Dans le domaine militaire, il engage la lutte contre les Maures Trarza, les rejette au nord du fleuve et les force à renoncer aux coutumes (1854-1858). Dans le même temps, il combat le redoutable empire toucouleur d'El-Hadj Omar qui est repoussé au-delà du Bafing (1854-1860). En 1857, il fonde Dakar qu'il relie à Saint-Louis par l'annexion du Cayor (1861-1865). Il réalise toutes ces conquêtes avec une remarquable économie de moyens : quelques troupes d'infanterie de marine, des milices locales et surtout les tirailleurs sénégalais qu'il crée en 1857. À la date de son départ, le Sénégal s'étend sur environ 400 000 kilomètres carrés. Le comptoir est devenu territoire. Dans le domaine administratif, les pays conquis sont divisés en cercles dirigés par des commandants européens ayant sous leurs ordres des chefs de canton africains, système souple qui laisse une part de l'autorité aux élites locales traditionnelles et qui sera imité dans toute l'Afrique. Il crée des tribunaux indigènes appliquant le droit coutumier et développe l'instruction, notamment par l'intermédiaire de l'école des otages (1855), devenue école des fils de chefs (1857) où sont formés et surveillés les futurs collaborateurs de l'administration coloniale, tandis que, sur le plan social, il pourchasse l'esclavage de traite et limite l'esclavage de case.

Enfin, dans le domaine économique, il aménage les ports (Saint-Louis, Rufisque, Dakar), suscite la création d'une banque (1855), encourage la culture de l'arachide et développe le commerce qui triple entre 1854 et 1869. À travers une œuvre exemplaire, Faidherbe nous offre l'image d'un type d'officier colonial, à la fois homme de savoir, administrateur et conquérant dont, après lui, Gallieni et Lyautey seront les plus brillants représentants. En 1870, Faidherbe reçoit de Gambetta le commandement de l'armée du Nord et s'illustre par une défense opiniâtre, tenant tête aux Allemands à Pont-Noyelles (23 déc. 1870) et Bapaume (2-3 janv. 1871) avant d'être repoussé à Saint-Quentin (19 janv.). Sa résistance évite aux départements du Nord et du Pas-de-Calais l'occupation ennemie. Un moment député (1871), puis sénateur (1879), il est nommé en 1880 grand chancelier de la Légion d'honneur.

— Jean-Marcel CHAMPION

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    ...de la Sénégambie, au cœur de la production arachidière. Le système des comptoirs se transforme ainsi en un véritable projet d'expansion territoriale. Louis Faidherbe, qui gouverne presque sans interruption la colonie du Sénégal de 1854 à 1865, prolonge l'œuvre de ses prédécesseurs et met en place les...