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RICHELIEU LOUIS FRANÇOIS ARMAND DE VIGNEROT duc de (1696-1788) maréchal de France

Petit-neveu du cardinal et archevêque de Lyon, marié à Mlle de Noailles, le duc de Fronsac reçoit à la mort de son père, en 1715, le nom de Richelieu. Jeune homme turbulent, il est embastillé à deux reprises ; mousquetaire, il prend part à la guerre de Succession d'Espagne. Compromis dans la conspiration de Cellamare, il est embastillé pour la troisième fois. Reçu à l'Académie française en 1720, pair au parlement, il est nommé gouverneur à Cognac en 1722. Après son ambassade à Vienne, où il se fait remarquer par ses bonnes fortunes et quelques succès diplomatiques, il jouit d'un certain crédit auprès de Fleury en 1729 ; en 1732, il devient membre honoraire de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Pendant la guerre de succession de Pologne, le duc de Richelieu participe au siège de Kehl, puis à celui de Philippsburg ; il est soupçonné de se livrer aux sciences occultes.

Nommé lieutenant du roi en Languedoc, il brille par la magnificence de ses réceptions ; il a de nombreux démêlés avec le parlement et l'archevêque de Narbonne ; négociateur habile, il apaise les troubles religieux en usant de douceur et de fermeté ; il fait offrir au roi un régiment par les états et, en récompense, il est nommé en 1744 premier gentilhomme de la chambre du roi. Familier de Louis XV, il aurait aidé Mme de Châteauroux et ses sœurs à devenir favorites. C'est encore lui qui aurait conseillé à Louis XV de partir à la tête de ses troupes ; il l'assista dans sa maladie à Metz. Il aurait encore usé de son influence sur le souverain à Fontenoy en le retenant au combat dans un moment difficile ; c'est lui qui a chargé contre l'ennemi à la tête de la maison du roi et qui a pris l'initiative de faire tirer les quatre canons destinés à couvrir la retraite du roi, favorisant ainsi la victoire.

Choisi pour diriger l'expédition contre l'Angleterre, puis envoyé en mission à Dresde en 1746, il reprend les armes et sa gloire efface celle de Boufflers. Il obtient alors la lieutenance de chasse de Gennevilliers et fait embellir sa maison par Servandoni. Nommé gouverneur de Guyenne et Gascogne en 1755, il cherche à accomplir un acte de bravoure qui le relève aux yeux de l'opinion ; il en trouve l'occasion dans une opération sur Minorque et la prise de Port-Mahon. Après l'attentat de Damiens, il obtient, avec la protection de Mme de Pompadour, le commandement de l'armée de Hanovre. Il tolère de tels pillages qu'on le surnomme Petit Père la Maraude. Il fait construire à Paris un élégant pavillon dit Pavillon de Hanovre. Richelieu termine sa carrière en courtisan occupé de plaisirs et d'intrigues entre la Guyenne et Versailles. Caractère altier et despotique, il déçoit maint Bordelais par son goût des plaisirs et par l'encouragement qu'il accorde au libertinage et au jeu ; cependant il reste tolérant à l'égard des juifs portugais établis dans la ville. À la cour, il anima la cabale qui fit disgracier Choiseul, mais le roi le jugeait trop « léger » pour entrer au Conseil. Louis XVI s'habitua à ce vieux courtisan, remarié à quatre-vingt-quatre ans et qui agitait ses souvenirs avec Maurepas. Richelieu s'est montré jusqu'à la fin de sa vie un homme du xviiie siècle par sa corruption raffinée, ses qualités brillantes de séducteur habile, de diplomate non moins habile et d'avare fastueux. Doté d'une fine ironie, il traite les gens de lettres avec une hauteur assez insultante et n'est lié qu'avec Voltaire.

— Louis TRENARD

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lille

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