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GABRIEL-ROBINET LOUIS (1909-1975)

Fils du docteur André Robinet, qui avait été maire adjoint du VIe arrondissement de Paris, petit-fils du docteur Gabriel Robinet, dont il devait associer le prénom à son nom de famille, et arrière-petit-fils du docteur Jean-François Robinet, qui avait été l'ami et le biographe d'Auguste Comte, Louis Gabriel-Robinet ne semblait pas prédestiné à la carrière de journaliste. Pourtant, dès 1924, alors qu'il est élève à l'École alsacienne, il fonde un journal, Le Poussin enchaîné, où il occupe toutes les fonctions. Après ses licences de lettres et de droit, il s'inscrit au barreau, tout en collaborant à La Revue des Deux Mondes. Mais, en 1934, préférant l'écriture à la parole, il quitte définitivement la toge et entre comme reporter à L'Époque et à L'Écho de Paris, où sa première mission consistera à rendre compte de la manifestation du 6 février sur la place de la Concorde. En mars 1937, sur la recommandation de Gérard Bauer, il entre au Figaro. Il n'en ressortira plus et son destin se confondra dès lors avec celui de ce quotidien. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il suit l'équipe rédactionnelle à Lyon, jusqu'à l'interruption de la publication, le 10 novembre 1942. Lorsque le quotidien reparaît, le 24 août 1944, il reprend tout naturellement sa place parmi les rédacteurs comme chef du service politique. En 1948, il est nommé éditorialiste et rédacteur en chef.

En 1964, il est promu sous-directeur, ce qui ne l'empêche pas de continuer à exercer ses talents d'éditorialiste avec ce style sobre qu'il avait choisi et dont il ne se départira jamais. En 1965, il succède à Pierre Brisson comme directeur. « Patron », il reste l'animateur et l'éditorialiste politique du journal.

En 1969, Le Figaro connaît une année cruciale : le contrat entre la société fermière responsable de la publication et la société propriétaire contrôlée par Jean Prouvost venant à expiration, l'indépendance du quotidien est menacée. Au milieu de l'imbroglio juridique (l'affaire demeurera exemplaire dans l'histoire de la presse française), Louis Gabriel-Robinet mène pendant deux ans les discussions et les négociations, se faisant le champion de l'indépendance journalistique et de la liberté d'expression, tout en continuant à assumer ses responsabilités quotidiennes et à rédiger l'éditorial politique exigé par l'actualité. Une entreprise de presse n'est pas une usine : Louis Gabriel-Robinet s'obstinera à le répéter en de multiples occasions – dans les négociations, dans les conférences, au sein du Soutien confraternel des journalistes (qu'il présida de 1957 à 1961), dans les nombreux ouvrages qu'il consacra à son métier (Histoire de la presse, Je suis journaliste, La Censure, Journaux et journalistes d'hier et d'aujourd'hui, Une vie de journaliste).

Parallèlement, il trouve encore le temps de faire œuvre d'historien. On lui doit notamment : Bras de fer, Les Dessous d'une défaite, une biographie de Guillaume le Conquérant parue sous le titre de Guillaume au court nez. Il écrit aussi sur Napoléon, Chateaubriand, Clemenceau, Béranger, Paul-Louis Courier. Passionné par la sorcellerie, cet éditorialiste distingué publiera même un curieux ouvrage sur un journaliste de l'au-delà : Le Diable, sa vie, son œuvre.

En 1971, l'Académie des sciences morales et politiques l'accueille dans ses rangs. Depuis Étienne de Nalèche (1937), aucun directeur en fonction d'un grand quotidien n'avait franchi les portes de l'Institut. À soixante-deux ans. benjamin de l'assemblée, Louis Gabriel-Robinet succède au général Koenig, à qui il consacrera d'ailleurs une biographie. Mais, sa santé fléchissant, il quitte en février 1974 la direction effective du Figaro, conservant,[...]

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