GALLIEN LOUIS (1908-1976)
Embryologiste, professeur à l'université Pierre-et-Marie-Curie (Paris VI) et membre de l'Académie des sciences, Louis Gallien, né à Cherbourg le 2 janvier 1908, est mort à Paris le 6 septembre 1976.
Brillant élève, il fait ses études au lycée de Cherbourg, puis à la faculté des sciences de Caen où il acquiert une solide formation de naturaliste. Dès l'âge de vingt ans, il découvre dans la vase de l'Orne un rare Mollusque Nudibranche. Après l'agrégation (1930), il sera nommé assistant au laboratoire d'évolution des êtres organisés de la faculté des sciences de Paris auquel est attaché le laboratoire maritime de Wimereux. Sa thèse de doctorat étudie la biologie d'un parasite, le Polystome, qui vit dans la vessie de grenouille. Il sera successivement maître de conférences à Toulouse et à Rennes, professeur titulaire de zoologie à Caen, professeur sans chaire à Paris (1945) ; en 1954, une chaire d'embryologie sera créée pour lui à Paris. Il sera élu à l'Académie des sciences le 15 février 1965. Pendant seize ans, il assumera les fonctions de secrétaire général de la Société zoologique de France.
L'œuvre scientifique est considérable ; elle s'intéresse surtout à la morphogenèse sexuelle (détermination et différenciation du sexe chez les Amphibiens). Les hormones androgènes ou œstrogènes perturbent la détermination du sexe ; il est possible de réaliser une inversion permanente et fonctionnelle du sexe qui peut être partielle ou totale. En génétique des Amphibiens, ont été principalement étudiées les mutations létales isolées, les mutations létales provoquées par les rayons gamma ou par substitution d'un noyau étranger au noyau de l'œuf, les anomalies chromosomiques par délétion et recombinaison ; la cytogénétique des Amphibiens est ainsi commencée.
D'une grande habileté, Louis Gallien a réussi des parabioses avec des Pleurodèles et a fabriqué ainsi diverses catégories de monstres. Plus récemment, il avait adopté un nouveau matériau d'études, les Cœlentérés ; il analysait les phénomènes de compatibilité entre différentes colonies d'Hydractinies selon leur provenance géographique.
L'œuvre écrite est aussi fort importante ; outre les nombreuses notes originales, quatre volumes dans la collection Que sais-je ?, deux volumes essentiels, Problèmes et concepts de l'embryologie expérimentale (1958) et Différenciation et organogenèse sexuelle des Métazoaires (1973), font le point sur l'ensemble des recherches et sur les résultats actuellement acquis en embryologie. La préparation d'un nouveau volume, L'Œuf et les stades initiaux de l'ontogenèse, était fort avancée lorsque la mort le terrassa. Son fils, professeur à la Faculté des sciences, s'est « autorisé à conduire à son terme le travail interrompu » et ce dernier volume put paraître en 1979. Ces trois volumes sont indispensables à tout embryologiste.
Ce brillant maître de la biologie française a marqué toute une génération ; ses anciens élèves à leur tour enseignent l'embryologie et assurent « la transmission directe du témoignage vécu » ainsi que le souhaitait Louis Gallien.
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Écrit par
- Andrée TÉTRY : membre de l'Académie nationale de Metz, directrice honoraire à l'École pratique des hautes études, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
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