HOSTIN LOUIS (1908-1999)
Champion olympique en 1932 et en 1936 dans la catégorie des poids mi-lourds, Louis Hostin fut le plus remarquable haltérophile français des années 1930, à une époque où les « hommes forts » étaient de véritables vedettes.
Louis Hostin est né le 21 avril 1908 à Saint-Étienne dans une famille ouvrière. Sa scolarité est réduite au minimum et il travaille très jeune en usine, dans la métallurgie. Le sport constitue sa principale distraction ; il réalise quelques performances intéressantes en athlétisme, dans les épreuves de sprint et de lancer du poids notamment. À dix-neuf ans, relevant une sorte de défi proposé par quelques lutteurs et haltérophiles goguenards, il s'essaye aux « poids et haltères » et découvre presque par hasard qu'il est doté d'une grande puissance naturelle. Dès lors, il quitte les pistes pour fréquenter les gymnases et, un an seulement après avoir débuté l'haltérophilie, il se voit déjà sélectionné pour participer aux jeux Olympiques, en 1928 à Amsterdam. Néanmoins, il ne concourt pas dans sa catégorie « naturelle », celle des poids moyens (moins de 75 kg) : il accuse alors 76 kilos sur la balance ; perdre ce petit kilogramme superflu ne serait pas un problème, mais, dans cette catégorie, il est « barré » par Roger François, un champion confirmé de près de vingt-huit ans, qui va d'ailleurs remporter la médaille d'or à ces Jeux. Louis Hostin se voit donc contraint de participer aux Jeux dans la catégorie des poids mi-lourds (moins de 82 kg) ; haltérophile râblé (1,82 m, 78 kg aux Jeux d'Amsterdam), moins lourd que la plupart de ses rivaux, il parvient à obtenir la médaille d'argent (352,5 kg aux trois mouvements), battu par l'Égyptien El Sayed Mohamed Nosseir : ce dernier, plus massif que le Français, bat le record du monde (355 kg) à cette occasion.
Louis Hostin continue de se préparer quelque peu en dilettante (il ne se rend au gymnase que deux fois par semaine pour entretenir sa forme en soulevant quelques barres), ce qui ne l'empêche pas de devenir champion d'Europe en 1930 à Munich. Il se voit sélectionné pour les jeux Olympiques de Los Angeles en 1932, où la délégation française d'haltérophilie réalise de magnifiques performances. Dans la catégorie des poids mi-lourds, il doit affronter un redoutable concurrent, le Danois Svend Olsen, et deux Américains qui ne sont que des faire-valoir. Hostin et Olsen réalisent tous les deux 102,5 kg au levé ; Hostin se surpasse à l'arraché (112,5 kg, alors qu'Olsen en reste à 107,5 kg) ; enfin, à l'épaulé-jeté, Hostin soulève 150 kg ; pour le battre au total des trois mouvements, Olsen doit améliorer le record du monde, ce qu'il ne parvient pas à faire. Hostin (365 kg aux trois mouvements) obtient la médaille d'or, devant Olsen (360 kg). Champion d'Europe en 1935 à Paris, Louis Hostin doit affronter un nouvel adversaire aux Jeux de Berlin en 1936 : le public. Les spectateurs de la Deutschlandhalle soutiennent en effet de manière outrancière l'Allemand Eugen Deutsch, ce qui ne déconcerte pas le Stéphanois : il réussit 110 kg au levé (Deutsch en reste à 105 kg), puis arrache 117,5 kg, ce qui lui assure presque la médaille d'or, car Deutsch ne fait pas mieux que 110 kg ; à l'épaulé-jeté, Hostin « assure » une barre de 145 kg : avec un total de 372,5 kg, il est de nouveau champion olympique des mi-lourds, devant Deutsch (365 kg), déconfit, alors que le public est soudain devenu muet.
Louis Hostin est encore vice-champion du monde des poids mi-lourds en 1937 à Paris, battu par l'Autrichien Fritz Haller, puis médaillé de bronze aux Championnats du monde de Vienne en 1938, lesquels voient la victoire d'un tout jeune Américain, John Davis (dix-sept ans), qui sera champion olympique des poids lourds en 1948 et en 1952.[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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