Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LOUIS Ier LE PIEUX ou LE DÉBONNAIRE (778-840) empereur d'Occident (814-840)

Troisième des fils de Charlemagne et d'Hildegarde, Louis le Pieux fut créé roi d'Aquitaine dès 781 par son père ; il gouverna ce pays jusqu'en 814, assisté d'excellents conseillers, tel saint Benoît d'Aniane. Ses deux frères aînés étant morts avant lui, il était le seul successeur de Charlemagne qui le couronna empereur à Aix-la-Chapelle, en septembre 813.

Instruit, considérant l'Église et l'Empire comme deux notions étroitement liées et à peine distinctes, l'Empire un appelé à être le support de l'Église une, Louis procéda d'abord à la réforme de ces deux institutions. Couronné une deuxième fois par le pape Étienne IV, il promulgua en 817 l'Ordinatio Imperii qui réglait d'avance sa succession : son fils aîné, Lothaire, fut proclamé empereur et seul héritier de l'Empire ; les deux frères de celui-ci, Pépin et Louis, gouverneraient comme rois en sous-ordre, l'un l'Aquitaine et l'autre la Bavière sous l'autorité de leur père, puis sous celle de Lothaire. Cet acte célèbre constituait un compromis entre l'idée d'unité et la coutume du partage successoral de l'État franc ; il ne valait cependant que pour l'avenir ; il pouvait être modifié éventuellement.

La question se posa lorsqu'un nouvel héritier naquit à Louis le Pieux en 823 de sa seconde épouse, Judith Welf. À ce fils prénommé Charles (le futur Charles le Chauve), l'empereur chercha à assurer un établissement ; mais, très influençable et indécis, il se trouva bientôt pris entre les intrigues que nouaient au palais les partisans de l'unité (les « impérialistes ») d'une part, et ceux du retour à la coutume du partage d'autre part. À l'intérieur comme à l'extérieur de l'Empire, les causes de ce malaise s'accumulaient.

La crise éclata en 829 lorsque Louis le Pieux attribua à Charles un apanage comprenant l'Alémanie, la Rétie, l'Alsace et une partie de la Bourgogne. Dès lors le parti impérialiste complota la chute de l'empereur et son remplacement par Lothaire. Une première tentative en 830 fut déjouée de justesse par l'empereur qui réussit à attirer à lui ses fils Pépin d'Aquitaine et Louis de Bavière en leur promettant d'accroître considérablement leurs lots respectifs. Ces promesses aboutirent en 831 à la division de l'État carolingien en trois parts égales, à l'exception de l'Italie implicitement réservée à Lothaire. L'Empire en tant que tel paraissait oublié.

La situation de Louis le Pieux ne s'améliora pas pour autant. Pépin et Louis, se jugeant défavorisés par rapport à Charles, prirent les armes contre leur père et rejoignirent leur frère aîné dans la rébellion. Au « Champ du Mensonge » (au sud de Colmar), l'empereur fut abandonné par ses guerriers et se rendit lui-même à ses fils, le 30 juin 833. L'Empire échut à Lothaire qui dut cependant reconnaître à ses deux frères la plus grande partie des territoires que leur père leur avait promis en 831.

Quant à Louis le Pieux, il fut contraint, à Soissons, de prendre le costume de pénitent : on le déclara, de ce fait, incapable de gouverner à l'avenir. Cette humiliation sans précédent entraîna presque aussitôt un revirement en sa faveur ; libéré par Pépin et par Louis, il fut réconcilié par l'Église et recouronné à Metz. Toute son action consista dès lors à assurer une part d'Empire aussi importante que possible à son fils cadet. Cette part, qui s'accrut d'année en année, finit par comprendre en 839 (après la mort de Pépin d'Aquitaine) toute la partie occidentale de l'Empire, à l'ouest de la Meuse, de la Saône et du Rhône avec quelques comtés en Provence. L'Est passait à Lothaire ; Louis était relégué en Bavière. C'est lors de la tentative de soumission de ce dernier que Louis le Pieux mourut.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon

Classification

Autres références

  • CAROLINGIENS

    • Écrit par et
    • 12 125 mots
    • 7 médias
    ...se contenter du titre d'« empereur auguste » qui ne comportait aucune attache romaine. Il put dès lors, quelques mois avant sa mort (28 janvier 814), transmettre au dernier de ses fils,Louis d'Aquitaine, la couronne impériale, à Aix-la-Chapelle, sans aucune participation du pape (septembre 813).
  • CAROLINGIENS - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 373 mots

    Début du viie siècle Anségisel, fils d'Arnoul, évêque de Metz, épouse Begga, fille de Pépin Ier de Landen dit l'Ancien. Leur couple constitue la souche de la future dynastie carolingienne.

    687 Pépin II de Herstal, leur fils, vainc les Neustriens à Tertry. Il devient maire des...

  • EGINHARD (770 env.-840)

    • Écrit par
    • 267 mots

    Issu d'une famille noble du Maingau (Franconie), élevé au monastère de Fulda, Eginhard compléta sa formation à la cour d'Aix, où il entendit les leçons d'Alcuin dont il semble avoir assumé la succession à la tête de l'école palatine. Très apprécié de Charlemagne...

  • LOTHAIRE Ier (795-855) empereur d'Occident (840-855)

    • Écrit par
    • 643 mots
    • 2 médias

    Fils aîné de Louis le Pieux et d'Irmingarde. Dès 814, son père lui confie le gouvernement de la Bavière. En 817, à vingt-deux ans, Lothaire est associé à l'Empire et déclaré seul héritier. Cette décision influera sur toute sa politique. Louis le Pieux, veuf, s'étant remarié avec Judith, dont...