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LOUIS II (1845-1886) roi de Bavière (1864-1886)

Roi qui ne régna guère que par des caprices souvent shakespeariens, indifférent aux affaires publiques (par exemple au cœur de la crise allemande de 1866). Louis II de Bavière fut aussi un solitaire qui écarta les visiteurs et dont les voyages ressemblent à des fuites ou à des fugues, et un grand lecteur jamais rassasié.

Ce n'est pas un artiste comme son grand-père Louis Ier, mais un rêveur installé dans le monde qu'il crée, un monde de musique, de théâtre, d'imagination et même de phantasme. Intéresse-t-il l'histoire ? Oui, par Wagner. Il ne s'agit pas seulement d'une amitié exigeante, appelant le compositeur à Munich dès 1864, et dont le feu a brûlé vingt ans durant à travers plusieurs péripéties. Il ne s'agit pas seulement d'un exceptionnel mécénat. Il s'agit d'une association de pensée, de sensibilité, de création même, qui justifie le mot de « notre Tristan » écrit par Wagner en 1865. Il s'agit de l'essor donné à l'enthousiasme et aux mythes wagnériens, bien au-delà d'une mode : l'appui royal accordé au drame lyrique a été « pour quelque chose dans le mouvement intellectuel de l'Allemagne vers son unité » (Jacques Bainville) ; l'inauguration du sanctuaire de Bayreuth en 1876 a valeur de symbole.

Château de Neuschwanstein - crédits : F. Selivanov/ Shutterstock

Château de Neuschwanstein

En comparaison, l'activité architecturale de Louis II ne représente qu'une recherche très personnelle et désordonnée : après le château de Berg aux tourelles blanches qui se mirent dans un lac pur, c'est, entre autres, l'interminable construction de Neuschwanstein, « mélange d'architecture et de rêve » dans un décor à la mesure des Burgraves qu'affectionne le « chevalier au cygne » ; ou encore la mise en chantier de Herrenchiemsee, ambitieuse copie de Versailles. Les finances publiques et la popularité du roi s'y sont englouties.

Hanté par le mythe romantique de la grande Allemagne, Louis II a soutenu occasionnellement, avec dignité, le vieux principe fédératif : quelques lettres à Bismarck (1870 et 1880) l'attestent. Mais, s'il a incité les princes allemands à proclamer empereur Guillaume de Prusse, il n'assista pas au couronnement de ce dernier à Versailles en 1871. Devant son état d'aliénation mentale évidente, ses ministres décident de l'interner et de confier la régence à son oncle Léopold. Louis II se noie dans le lac de Starnberg le lendemain de son arrivée au château de Berg. Son instabilité et sa folie, paralysant la Bavière, ont favorisé le déclin des souverains et des États secondaires de l'Allemagne.

— Fernand L'HUILLIER

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines et à l'Institut d'études politiques de Strasbourg, directeur du centre universitaire des hautes études européennes de Strasbourg

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Château de Neuschwanstein - crédits : F. Selivanov/ Shutterstock

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