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JOXE LOUIS (1901-1991)

Mort à Paris, le 6 avril 1991, Louis Joxe a pendant quarante-sept ans exercé les plus hautes fonctions et mandats de la République, tour à tour conseiller d'État, ambassadeur de France, ministre d'État, membre du Conseil constitutionnel. Issu de quatre générations de professeurs, Louis Joxe naît à Bourg-la-Reine, le 16 septembre 1901. Agrégé d'histoire et de géographie, il enseigne brièvement à Metz (1925-1927). Journaliste à L'Europe nouvelle, il devient, en 1932, inspecteur des services étrangers de l'agence Havas-informations. Membre, en 1933-1934, des cabinets de Pierre Cot, sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères, puis ministre de l'Air, Louis Joxe fonde le Centre d'études de politique étrangère, ancêtre de l'Institut français des relations internationales. Il est membre de la délégation française à la Société des Nations en 1932, 1933 et 1939. Gendre de l'historien Daniel Halévy, il croit au travail commun de « savants et d'hommes d'expérience ». Hostile au vichysme, il enseigne à Alger à partir de l'automne de 1940 et y prépare l'arrivée des Américains et du général Giraud. Secrétaire général du Comité français de la libération nationale, puis du gouvernement provisoire de la République française, de 1943 à 1946, il organise, du lycée Fromentin d'Alger, puis de l'hôtel Matignon, la restauration de l'État.

Le rétablissement de la légalité républicaine, la préparation des mesures à prendre après le débarquement, l'organisation de l'ordre du jour des conseils des ministres et l'établissement de leurs procès-verbaux lui reviennent grâce à la confiance du général de Gaulle qui ne cessera d'apprécier sa finesse, son sens des nuances, sa volonté de ne jamais s'égarer dans des choix excessifs. Il en fera un de ses ministres, sans interruption, de juillet 1959 à mai 1968, le plus souvent chargé de missions difficiles.

Ayant été, auparavant, ambassadeur de France à Moscou (1952) puis à Bonn (1955), Louis Joxe était devenu secrétaire général du ministère des Affaires étrangères en 1956, à la demande du socialiste Christian Pineau.

Secrétaire d'État chargé de la Fonction publique en juillet 1959, il est ministre de l'Éducation nationale, après la démission du socialiste André Boulloche (de janv. à nov. 1960). Il veille à ce que la loi Debré puisse devenir une loi de paix scolaire malgré la vive opposition du Comité national d'action laïque au système des contrats d'association. À partir du 28 novembre 1960, deux ans durant, il s'emploie, comme ministre d'État chargé des Affaires algériennes, à ce que la France sorte du conflit algérien. Dans ses Mémoires d'espoir, Charles de Gaulle l'a décrit comme un homme de cœur dévoué à l'entreprise du renouveau national : « Comme ses laborieuses fonctions [...] l'ont placé depuis vingt ans au centre de l'éventail des affaires publiques, il embrasse complètement les multiples questions [...] posées par la construction d'un État algérien à partir de l'État français puis par leur coopération étroite. » Surmontant les obstacles dressés par les ultras des deux bords, n'hésitant pas à venir dans l'Algérie mutinée des généraux Jouhaud et Salan en avril 1961, Louis Joxe conduit, à partir du 20 mai 1961, les négociations d'Évian. Les quatre-vingt-treize pages des accords signés le 18 mars 1962 ne furent guère mises en pratique car à la politique de terre brûlée pratiquée par l'O.A.S. succéda la politique de socialisation autoritaire de Ben Bella. Mais l'exode accéléré des « pieds noirs » ne modifia pas le soulagement de l'opinion française ; dès le 8 avril 1962, plus de 90 p. 100 des suffrages du référendum s'étaient portés sur[...]

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Écrit par

  • : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)

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Autres références

  • ALGÉRIE

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    ...étouffés contre les grilles du métro Charonne ; on compte également cent cinquante blessés. Le gouvernement français décide d'accélérer les négociations avec le FLN. La délégation française, conduite par Louis Joxe, veut aboutir à tout prix... L'accord est enfin conclu, à Évian, le 18 mars 1962.
  • GUERRE D'ALGÉRIE

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    • 13 médias
    ...étouffés contre les grilles du métro Charonne ; on compte également cent cinquante blessés. Le gouvernement français décide d'accélérer les négociations avec le FLN. La délégation française, conduite par Louis Joxe, veut aboutir à tout prix... L'accord est enfin conclu, à Évian, le 18 mars 1962.