LA CAZE LOUIS (1798-1869)
Aucun anniversaire, aucune commémoration ne justifiait l'exposition que le musée du Louvre, puis le musée des Beaux-Arts de Pau et enfin la Wallace Collection à Londres ont consacrée au docteur Louis La Caze (1869 : Watteau, Chardin... entrent au Louvre, respectivement 26 avr.-9 juill. 2007, 20 sept.-10 déc. 2007 et 14 févr.-18 mai 2008). Rien, si ce n'est, d'une part, la volonté du Louvre de se pencher plus précisément sur son histoire, dont le legs des tableaux de Louis La Caze est un épisode capital, et, d'autre part, le développement sans cesse croissant en histoire de l'art des études consacrées à ce qu'il est convenu d'appeler l'histoire du goût. Le catalogue accompagnant la manifestation est ainsi un véritable ouvrage d'érudition, avec la publication, pour la première fois, dans un CD-ROM associé, d'un catalogue d'ensemble très détaillé de la collection. C'est également, outre une mise au point sur tous les aspects de l'activité de Louis La Caze et sur le devenir de son legs tant au Louvre que dans les autres musées français qui en bénéficièrent de par sa volonté (et principalement le musée de Pau, ville dont sa famille était originaire), une introduction précieuse à l'histoire des collections et, plus généralement, du goût pour la peinture dans la France dans la première moitié du xixe siècle.
L'exposition elle-même était plus ramassée, il ne pouvait être question de rassembler les 583 tableaux du legs. Mais trois étapes de l'exposition permettaient de contextualiser au mieux la sélection qui en avait été faite : à Paris grâce à une signalétique particulière des « tableaux La Caze » dans toutes les salles du musée pendant la durée de l'exposition ; à Pau où les dépôts consécutifs au legs sont au cœur du développement du musée ; à Londres enfin, grâce à la comparaison entre les acquisitions de La Caze et celles de son contemporain, Richard Seymour-Conway, marquis de Hertford (1800-1870), laissées à son fils naturel, Richard Wallace, puis à la nation britannique.
La vie de Louis La Caze (1798-1869), qui, après de longues études que lui permettaient une origine aisée, fut médecin, est discrète et sans grand relief : on relève néanmoins dans sa jeunesse l'originalité d'un possible passage, en tout cas d'une fréquentation de l'atelier de Girodet, dont il lui resta un talent de peintre amateur. C'est comme collectionneur, puis donateur au Louvre de tous les tableaux qu'il avait acquis au cours de sa vie, qu'il reste dans les mémoires. Ne disposant pas de moyens exceptionnels au contraire du marquis de Hertford qui n'hésitait pas à payer très cher les tableaux acquis en vente publique, il se rapproche plutôt d'un François Marcille (1790-1856), dont il fut très proche, et qui comme lui se passionna pour l'école française du xviiie siècle, longtemps délaissée et méprisée. Ils n'étaient pas les seuls : avant ou en même temps qu'eux, le marquis Casimir de Cypierre (1784-1844), François Hippolythe Walferdin (1795-1880) ou le chanteur d'opéra Paul Barroilhet (1810-1871) constituèrent des ensembles qui aujourd'hui font rêver, où les Watteau, les Chardin ou les Fragonard se comptent parfois par dizaines. Animés par une même passion et par un goût analogue, ils traquaient les œuvres aussi bien à l'hôtel Drouot (dont La Caze était un habitué) que chez les marchands les plus divers. La Caze ne se limita pas, toutefois, à cette seule orientation. S'il est chez lui un axe fédérateur, il serait plutôt à chercher du côté du style, de ce qu'on appelait la « tartouille » dans les ateliers d'alors, entendons une peinture plus proche de l'esquisse que du fini en vogue chez les artistes néo-classiques dont La Caze prend volontairement le contre-pied. C'est ce qui explique qu'il se tourne d'abord vers Rubens[...]
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Écrit par
- Barthélémy JOBERT : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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