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LAPICQUE LOUIS (1866-1952)

Physiologiste français qui, par ses travaux sur le système nerveux, a largement contribué au développement de la neurologie. Fils d'un vétérinaire d'Épinal, il étudie au collège de cette ville, puis à Paris. Docteur en médecine (1895), docteur ès science (1897), il devient préparateur puis chef de clinique à la faculté de médecine de Paris et commence ses recherches sur le métabolisme du fer chez les vertébrés.

En 1892 il part, comme précepteur de Max Lebaudy, pour un voyage de quinze mois à bord de la Sémiramis et, lorsque son élève abandonne la croisière au bout de deux mois, il obtient de Mme Lebaudy de poursuivre ce voyage autour du monde, ce qui lui permet de réunir de nombreuses observations anthropologiques, particulièrement sur les régimes alimentaires de certains peuples et sur l'influence du climat sur les besoins énergétiques. Il reprendra ces études durant la Première Guerre mondiale et montrera notamment la valeur nutritive des algues et le rôle du taux du blutage de la farine dans le rendement alimentaire du blé. Il rapporte aussi de son voyage des renseignements sur les Négritos, peuplade primitive peu connue de la presqu'île de Malacca. Un second voyage aux Indes, en 1903, l'amène à montrer les diversités des races dravidiennes, dont il sépare le prédravidien noir du prédravidien blanc.

En 1896, il est préparateur à la faculté des sciences et maître de conférences deux ans plus tard. Professeur de physiologie au Muséum national d'histoire naturelle en 1911, il quitte cette chaire pour celle de la Sorbonne (1919). De 1936 à 1941, il dirige l'institut Marey. Il a longtemps étudié le rapport entre le poids du cerveau et l'intelligence chez les vertébrés et comparé le poids relatif de l'encéphale dans l'échelle animale.

L'œuvre capitale de Louis Lapicque concerne le problème de l'excitabilité des structures nerveuses par le courant électrique. Parmi les conditions de l'excitation, J. Van Kries avait souligné (1884) l'importance de la variation brusque du stimulus, c'est-à-dire le fait que la pente d'établissement du courant ΔI/Δt doit être très forte. D'autre part, J. König avait montré qu'en réduisant la durée de passage du courant au niveau de la milliseconde l'excitation cessait de se produire ; de son côté, J. L. Hoorweg avait expliqué ce fait par l'insuffisance de la quantité d'électricité fournie dans ce cas par la décharge du condensateur utilisé. C'est Georges Weiss qui a établi la relation entre quantité d'électricité et durée minimale du stimulus, relation définie par une droite caractérisée par sa pente. Lapicque, en collaboration avec sa femme, généralise de 1866 à 1892 la loi de Weiss et, pour permettre l'étude comparative de l'excitabilité des tissus nerveux et musculaires, il propose une nouvelle façon de définir les conditions liminaires de l'excitation en fonction de l'intensité et de la durée du courant utilisé comme stimulus. En effet, l'intensité minimale utilisable étant définie comme la rhéobase, lorsqu'on utilise une intensité double il faut l'appliquer pendant une durée caractéristique qu'il appelle « chronaxie ». Exprimée en millisecondes, elle représente une caractéristique fidèle et simple de l'excitabilité : les structures excitables se classent dès lors en fonction de leur chronaxie brève (0,3 ms pour les fibres des branches motrices du sciatique de grenouille) ou longue (10 ms pour les fibres motrices de la sole pédieuse d'escargot). Ces données ont été appliquées à la clinique humaine par L. Bourguignon, permettant notamment de préciser la marche des phénomènes de dégénérescence neuro-musculaire.

— Jacqueline BROSSOLLET

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