BOILLY LOUIS LÉOPOLD (1761-1845)
L'œuvre de ce peintre s'étend sur plus de soixante-dix ans et compte plusieurs milliers de toiles, de dessins et de lithographies, précieux témoignages des mœurs de la société française du règne de Louis XVI à la monarchie de Juillet. Boilly a fait remarquer très jeune ses dons de portraitiste, qui excelle aussi dans les petits tableaux, voire dans la décoration des éventails. N'étant pas membre de l'Académie royale, qui se réserve les cimaises du Salon officiel au Louvre, il présente ses peintures en plein air, place Dauphine, à l'Exposition de la jeunesse (1788). Le début de la Révolution est pour lui l'occasion de laisser une véritable galerie de portraits des hommes politiques nouveaux. Sous la Terreur, il s'efforce de suivre les thèmes civiques avec un Triomphe de Marat (musée des Beaux-Arts, Lille), notation pittoresque qui manque de souffle. Incontestablement plus à l'aise dans la scène de genre, il s'inspire de la verve des Hollandais Ter Borch ou Pieter de Hooch dans une série d'instantanés de la vie quotidienne (L'Averse, musée du Louvre). Il sait faire ressortir la discrète poésie des intérieurs bourgeois et des portraits de groupe comme le précieux Atelier de Houdon avec sa famille, 1804 (musée des Arts décoratifs, Paris), ou ceux de la famille Oberkampf devant la manufacture de Jouy. La scène de genre est pour lui prétexte à faire triompher ses qualités de rapidité sur des petits formats ; la touche est porcelainée, un peu ennuyeuse à force d'être lisse, et les couleurs claires grâce à un vernis qu'il a mis au point. Chaque scène est le point de départ de nombreuses petites répliques, de lithographies, qui sont autant d'études vivantes du monde de la rue, des salons ou des cafés, à l'époque du Consulat et de l'Empire. Sujets frivoles qui plaisent à un public à la recherche d'anecdotes aimablement présentées, relevées d'une pointe de sentiment (L'Arrivée de la diligence dans la cour des Messageries, 1803, musée du Louvre). Boilly doit beaucoup à la mode et collabore d'ailleurs avec le Journal des dames et des modes et avec Le Bon Genre publié par La Mésangère. À partir de 1823, il crée une série de lithographies, Les Grimaces, plaisante satire de caractères plutôt que de la société de la Restauration. Bien qu'héritier des peintres de genre du xviiie siècle, Boilly mérite une place parmi les petits maîtres du xixe siècle.
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Écrit par
- Jean-Pierre MOUILLESEAUX : historien de l'art, chargé de mission à la Caisse nationale des monuments historiques et des sites
Classification
Média