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MARCHAND LOUIS (1669-1732)

Claveciniste et compositeur français ; célèbre aussi comme virtuose et improvisateur à l'orgue. C'est son père, Jean Marchand, maître de musique, qui lui donne vraisemblablement les rudiments de son art. Enfant prodige, Louis quitte Lyon, sa ville natale, pour tenir les orgues de la cathédrale de Nevers dès l'âge de quatorze ans. Dix ans plus tard, il occupe la tribune de la cathédrale d'Auxerre. En 1689, il est à Paris où il joue dans l'église du collège des jésuites de la rue Saint-Jacques. De 1703 à 1707, il tient les claviers de Saint-Honoré, mais, il était aussi, depuis 1699, titulaire des instruments de Saint-Benoît et du couvent des Cordeliers. Enfin, de 1706 à 1714, il est organiste à la chapelle royale, après avoir obtenu, sans concours, de succéder à Nivers. À la suite de nombreux démêlés avec sa femme, dont il est séparé de corps et de biens, il démissionne de tous ses postes, ne conservant que les Cordeliers, où il est seulement logé et nourri par les religieux, sans rien percevoir d'autre. Ces difficultés conjugales expliquent peut-être qu'il soit parti en tournée en Allemagne, où il reste quatre ans environ. C'est au cours de ce voyage que se situe l'épisode fameux (à propos duquel bien des éléments demeurent obscurs) : sa rencontre manquée avec J.-S. Bach, à Dresde, en 1717 ; ayant certainement entendu jouer le grand cantor, il n'ose se mesurer à lui sur le clavecin et ne vient pas au rendez-vous. On remarquera cependant que Bach avait jugé bon de transcrire une page de clavecin de Marchand, Les Bergeries, sous le titre de Rondo, dans le recueil manuscrit d'Anna Magdalena. On connaît deux Livres de pièces de clavecin (1702), des Pièces choisies pour l'orgue (posthumes, 1732), les quarante-deux pièces d'orgue en quatre livres, trois Cantiques spirituels (Racine), une cantate, Alcyone, quelques airs à boire et deux chansons italiennes (Io provo nel cuore, Marinero soy de amor). Un opéra, Pyrame et Thysbé, est perdu. Enfin, il a écrit un résumé de traité d'harmonie, Règles pour la composition des accords à trois parties, où il divise ceux-ci en « accords consonances, accords dissonances et accords faux ».

Au clavecin, son style est proche de ceux de Jacques Champion de Chambonnières et de François Couperin, et il multiplie à l'envi diminutions et coloratures. Son caractère original, fantasque et irascible a certainement marqué ses compositions, où l'on entend des rythmes vifs, capricieux, virevoltants, pleins de fougue et d'allant, une harmonie qui parfois ne manque pas d'imprévu et que goûtaient fort Rameau et Pierre Du Mage, l'un de ses élèves. Son langage est donc personnel ; il a assimilé les leçons tant des Français que des Italiens. Toutefois, on n'approuvera pas la conclusion défavorable à Couperin dans le parallèle qu'établit Daquin entre les deux rivaux : « Ces deux hommes supérieurs partageoient le public de leur tems, et se disputoient mutuellement la première place. Marchand avoit pour lui la rapide exécution, le génie vif et soutenu, et des tournures de chant que lui seul connaissoit. Couperin, moins brillant, moins égal, moins favorisé de la nature, avoit plus d'art, et suivant quelques prétendus connoisseurs[sic], étoit plus profond. » Quelle que soit la valeur du Quatuor pour orgue (où la virtuosité demandée à l'instrumentiste est évidente) ou du Plein-Jeu à six voix (dont deux de pédale), voire du grand Dialogue de 1696 à l'énergie ardente (c'est la page la plus développée qu'il ait laissée pour orgue, et dont la structure formelle, avec ses changements de tempo et d'esprit, témoigne du talent de l'artiste), la plupart des autres pages n'atteignent pas à la qualité d'inspiration dont font preuve les compositions de Couperin le Grand.

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

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