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LA RÉVELLIÈRE-LÉPEAUX LOUIS MARIE DE (1753-1824)

Avocat à la veille de la Révolution, La Révellière-Lépeaux est élu aux États généraux par la sénéchaussée d'Anjou. Il apparaît comme un partisan farouche du « grand système d'égalité entre les hommes ». Le Maine-et-Loire l'appelle à siéger à la Convention. Il y vote la mort du roi, mais s'oppose en février 1793 à Robespierre dans un retentissant article de La Chronique de Paris, intitulé « Le Cromwellisme ». Il attaque également Danton et soutient la Gironde lorsqu'elle demande la mise en accusation de Marat. Englobé dans la chute des Girondins en juin 1793, il mène la vie d'un proscrit et ne revient siéger à la Convention qu'après la chute de Robespierre. Élu au Directoire dès sa création, il y exerce une incontestable influence, même si ses Mémoires tendent à exagérer son rôle. C'est surtout sur le plan religieux que son action est importante : il soutient la substitution au catholicisme d'une religion nouvelle, la théophilanthropie, qui supprime les prêtres mais conserve des cérémonies où l'on entend des cantiques et des prêches de morale civique. La Révellière-Lépeaux pousse aux coups d'État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797) et du 22 floréal an VI (11 mai 1798) contre les Conseils, mais lors de la crise de prairial an VIII (18 juin 1799) il doit donner sa démission. Il limite dès lors ses activités aux séances de l'Institut, puis refuse de reconnaître l'avènement de l'Empire et se trouve exclu de toutes fonctions. Il laisse une mauvaise réputation. Disgracié, laid et chétif, « son esprit, selon les propos tenus par Napoléon devant Las Cases, était de peu d'étendue ; il n'avait ni l'habitude des affaires, ni la connaissance des hommes ». Jugement sévère que confirment les Mémoires de Barras et qu'ont accepté la plupart des historiens du Directoire ; il mérite pourtant révision : les Mémoires de La Révellière-Lépeaux nous font découvrir un témoin sans doute partial lorsqu'il parle de l'insurrection vendéenne ou de Bonaparte, mais qui n'en demeure pas moins d'une grande lucidité sur l'époque du Directoire.

— Jean TULARD

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Autres références

  • THÉOPHILANTHROPIE

    • Écrit par
    • 803 mots

    La création du culte théophilanthrope répond au désir de sauver la République, en fournissant aux citoyens les bases d'une morale publique. Le besoin d'une nouvelle religion s'était fait sentir, dès l'échec de la Constitution civile du clergé, en 1791, et plusieurs tentatives officielles...