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BERTHAULT LOUIS-MARTIN (1770-1823)

Jardinier-paysagiste, architecte et décorateur français. Issu d'une lignée de maîtres-maçons et de jardiniers, Berthault semble s'être formé dans le milieu familial, principalement auprès de ses oncles : Jacques-Antoine Berthault, important entrepreneur parisien, et surtout Pierre-Gabriel Berthault, graveur renommé qui collabora avec Ledoux. C'est à P.-G. Berthault que l'on doit le seul ouvrage consacré à l'œuvre de son neveu : Suite de vingt-quatre vues de jardins anglais exécutés par Berthault, architecte de S.M. l'Empereur et Roi (1812). Selon un document autobiographique, la vie professionnelle de L.-M. Berthault débute à Amiens en 1795, où il est engagé comme inspecteur-surveillant des manufactures Bonvallet. Il y réalise le jardin de Debray, riche négociant, maire de la ville sous le premier Empire. Il est probable qu'il exerça plus tôt ses talents dans la propriété familiale des Fontaines à Chantilly, vaste domaine que Chateaubriand évoque avec nostalgie dans les Mémoires d'outre-tombe. Mais c'est incontestablement à l'amitié du banquier Récamier et de sa célèbre épouse Juliette que Berthault doit les véritables débuts de sa carrière et les prémices de sa célébrité. Il dessina les décors de leur nouvel hôtel de la rue du Mont-Blanc, racheté à Necker en 1798. Cette décoration (dont certains éléments de mobilier subsistent) déclencha l'enthousiasme des contemporains et fit de lui un architecte « à la mode » que se disputait la riche et extravagante société du Directoire. On peut citer parmi ses clients : Botot, secrétaire de Barras, dont il dessina le jardin sur la colline de Chaillot, la duchesse de Courlande pour qui il réalisa un « boudoir turc », ou encore le munitionnaire Ouvrard dont il réaménagea somptueusement la propriété du Raincy. Pour des proches d'Ouvrard, il travailla à Ponchartrain, à Stains et à Épinay-sur-Seine ; on le retrouve aussi à Jouy-en-Josas, Champlatreux et Méry-sur-Oise. Dans la plupart des cas, et suivant en cela le retour en France d'aristocrates anglomanes, il s'agit surtout pour lui « de mettre au goût du jour » d'anciens jardins à la française. À la même époque, il entreprend la restauration de prestigieux jardins irréguliers du xviiie siècle : Moulin-Joli de Watelet ou Prulay, aménagé par l'abbé Delille pour Pierre Poissonnier, médecin de Louis XVI.

La deuxième étape de la carrière de Berthault est marquée par sa nomination en 1805 au poste d'architecte de l'impératrice Joséphine, charge difficile où s'étaient succédé sans beaucoup de succès Percier et Fontaine, Thibault et Vignon, Lepère et, enfin, le célèbre théoricien des jardins, Morel. Berthault, plus attentif aux goûts et aux idées de l'inconstante Joséphine, demeura jusqu'à la fin son jardinier et son décorateur. On le voit ainsi, après le divorce impérial (déc. 1809), aménager pour l'ex-impératrice ses nouvelles résidences de l'Élysée à Paris et de Navarre près d'Évreux. L'entourage de Joséphine fait aussi appel à ses talents, qu'il s'agisse de la reine Hortense pour qui il achève les travaux de Saint-Leu-Taverny, du général Bertrand à La Jonchère ou encore du prince Aldobrandini Borghèse à Beauregard. Jardinier-paysagiste de leurs « campagnes », Berthault est en même temps le décorateur privilégié de leurs demeures parisiennes.

En 1806, Joséphine obtient pour lui le poste d'architecte du palais de Compiègne que l'empereur entend réaménager après une période d'abandon. Berthault y réalise de somptueux décors qui abriteront Charles IV d'Espagne en 1808, puis en mars 1810 l'empereur lui-même qui a choisi d'y recevoir sa nouvelle épouse, Marie-Louise. En 1811, il transforme en jardin anglais l'ancien parc régulier de[...]

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Écrit par

  • : ingénieur au C.N.R.S., enseignante à l'École nationale supérieure d'architecture de Versailles

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