NAPOLÉON III LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE (1808-1873) empereur des Français (1852-1870)
Un conspirateur malheureux (1830-1846)
1830-1831 : Le désir de s’engager et la cause de l’indépendance italienne
À la suite des Trois Glorieuses (27, 28 et 29 juillet 1830) et de la chute de Charles X, Louis-Napoléon Bonaparte nourrit l’espoir de voir Louis-Philippe lever le bannissement imposé par la loi de 1816. Le roi des Français, au contraire, la réaffirme en 1832. Incapable d’agir en France, Louis-Napoléon saisit donc l’opportunité de le faire en Italie. Soutien et sympathisant des carbonari depuis 1826, il s’engage à Rome dans une insurrection préparée à la faveur de la mort du pape Pie VIII (30 novembre 1830). Mais ce complot dit de « San Pietro » avorte, tué dans l’œuf par une trahison. Expulsé des États pontificaux, Louis-Napoléon rejoint son frère aîné à Florence et élabore avec lui un nouveau projet de soulèvement. Ils doivent cependant reculer à la demande même des chefs de l’insurrection, qui ne veulent pas s’aliéner Louis-Philippe, et Napoléon-Louis meurt de la rougeole (17 mars 1831) au cours de leur retraite.
Le 22 juillet 1832, la disparition du duc de Reichstadt, fils de Napoléon Ier, renforce la position de Louis-Napoléon dans l’ordre de succession, et cela d’autant plus que ni son oncle Joseph ni son père Louis ne manifestent le désir de revendiquer l’héritage. Cette circonstance stimule ses ambitions et le pousse au mariage. Les pourparlers engagés avec Jérôme Bonaparte en vue d’une union avec sa cousine Mathilde semblent prometteurs. Quelques mois plus tard néanmoins, après l’échec du coup de Strasbourg, les fiançailles sont rompues.
De Strasbourg (1836) à Boulogne-sur-Mer (1840) : deux coups de force, deux échecs
Les conspirations de Strasbourg (30 octobre 1836) et de Boulogne-sur-Mer (6 août 1840) ne sont rien moins que deux tentatives de coup d’État, impliquant de soulever une garnison puis de marcher sur Paris pour prendre le pouvoir. S’ils ont échoué, ces deux coups de force sont mieux préparés et pas aussi chimériques qu’on l’a souvent écrit.
Les villes d’abord, ne sont pas choisies au hasard. En 1836, Strasbourg est connue pour son opposition à la monarchie de Juillet et Boulogne-sur-Mer, où Napoléon Ier avait établi un camp en 1803 dans le cadre de son projet de débarquement en Grande-Bretagne, reste profondément liée au souvenir napoléonien. L’une et l’autre de ces villes présentent des atouts stratégiques (proximité avec la frontière ou l’Angleterre) et Louis-Napoléon Bonaparte y a établi des contacts au sein de la garnison. Dans sa préparation, il peut compter sur le soutien indéfectible de Persigny ‒ un bonapartiste rencontré en 1835 ‒ et s’inspire chaque fois de la « geste impériale », rédigeant en amont plusieurs proclamations annonçant et justifiant le coup d’État. En 1840, l’affaire de Boulogne ‒ bénéficiant de l’expérience strasbourgeoise ‒ est préparée à grands coups de propagande (financés grâce à l’héritage de sa mère décédée en octobre 1837). Louis-Napoléon Bonaparte établit également des contacts dans les milieux républicains, voire socialistes, et bénéficie des difficultés que rencontre alors la monarchie de Juillet, qui poussent Louis-Philippe à exploiter la gloire napoléonienne (retour des cendres de Napoléon Ier à Paris en 1840).
Chaque fois, la résistance d’une partie des officiers (le général Voirol à Strasbourg, en 1836) ou de la garnison elle-même (à Boulogne, en 1840) mène à l’échec. Cette dernière entreprise est également contrariée par une trahison ‒ peut-être celle de Montholon ‒ qui met en alerte le gouvernement de Louis-Philippe. Les conjurés ‒ au moins une partie d’entre eux ‒ sont donc arrêtés, en 1836 comme en 1840. Cependant, si après le coup de Strasbourg, le roi des Français, tenant à minimiser l’événement aux yeux de l’opinion et à discréditer le malheureux prétendant, se contente de l’expédier[...]
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Écrit par
- Stella ROLLET : docteure en histoire, chercheuse associée au Centre d'histoire culturelle des sociétés contemporaines de l'UVSQ/université Paris-Saclay
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