NAPOLÉON III LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE (1808-1873) empereur des Français (1852-1870)
À la conquête du pouvoir (1846-1852)
De la prison à la présidence (1846-1848)
L’abdication de Louis-Philippe, le 24 février 1848, offre à Louis-Napoléon l’opportunité qu’il attendait. Sa peine de prison abrogée, il redevient un homme libre et se rend immédiatement à Paris (28 février). Sa présence, cependant, inquiète le gouvernement provisoire, qui le pousse à repartir momentanément pour l’Angleterre. En septembre, aux élections législatives partielles, il est élu dans cinq départements (Seine, Charente-Inférieure, Yonne, Corse et Moselle). Il siège à l’Assemblée constituante à partir du 26 septembre 1848 et, un mois plus tard, le 26 octobre, annonce sa candidature à la présidentielle. Entretemps, la loi d’exil perpétuel concernant les Bonaparte a été abrogée (décret des 11-14 octobre 1848).
Face à ses concurrents (principalement Cavaignac, mais aussi Ledru-Rollin, Raspail ou Lamartine), il mène une campagne habile et bénéficie du ralliement de nombreux membres du parti de l’Ordre (qui renonce à présenter un candidat), le plus notable étant celui d’Adolphe Thiers qui pense pouvoir le manœuvrer à sa guise. De fait, le 10 décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte devient le premier président de la République française ‒ et de l’histoire de France ‒ élu au suffrage universel masculin en réunissant 5,5 millions de voix sur près de 7,5 millions de votants. Cependant, ses principes politiques le privent d’un parti sur lequel s’appuyer. Il n’a donc d’autre choix que de gouverner avec la droite orléaniste qui bientôt domine l’Assemblée législative grâce à son triomphe aux élections du 13 mai 1849 (450 sièges sur 705).
Du président de la République au prince-président (1848-1852)
Durant sa présidence, Louis-Napoléon Bonaparte apprend les rouages de la vie politique française. Pendant ce qu’Émile Ollivier qualifiera de « ministère de la captivité » (ministère Odilon Barrot, décembre 1848-octobre 1849), le nouveau président cherche à imposer ses vues au gouvernement, mais les projets qu’il soumet sont le plus souvent rejetés ou enterrés. Il change alors de tactique pour endormir les méfiances, en s’accommodant en apparence de la fonction honorifique à laquelle on souhaite le cantonner.
Juin 1849 marque un premier tournant dans l’affranchissement du président. Contre l’avis de l’Assemblée et au mépris de la Constitution du 4 novembre 1848, selon laquelle la République française « n’emploie jamais ses forces contre la liberté d’aucun peuple », Louis-Napoléon Bonaparte décide l’envoi d’un corps expéditionnaire à Rome pour mettre fin à la République romaine et restaurer le pouvoir du pape Pie IX. Si cette décision provoque des tensions à la tête de l’État et, le 13 juin, une manifestation hostile de la Montagne (extrême gauche de l’Assemblée) qui est vivement réprimée, le président en sort grandi et renforcé. Dans cette crise, son sang-froid est apprécié et l’aide qu’il apporte au pape, de nature à séduire les catholiques. À partir de l’été 1849, Bonaparte se lance par ailleurs dans une série de voyages dans toute la France, véritable opération de propagande destinée à asseoir sa popularité (seize voyages en quatre ans, 50 départements visités). Il commence aussi à constituer son parti ‒ appelé « parti de l’Élysée » étant donné que le palais de l’Élysée est la résidence officielle du président de la République depuis décembre 1848.
Une fois sa position consolidée, à partir de l’automne 1849, le président remanie le gouvernement pour y placer une équipe d’hommes dévoués à sa personne, en particulier Rouher, Fould puis Baroche, futurs piliers de l’Empire. En fin stratège, il trouve dans l’opposition à l’Assemblée le moyen de faire valoir son autorité et de se désolidariser de certaines de ses décisions. Ainsi en est-il avec la loi[...]
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Écrit par
- Stella ROLLET : docteure en histoire, chercheuse associée au Centre d'histoire culturelle des sociétés contemporaines de l'UVSQ/université Paris-Saclay
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