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NAPOLÉON III LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE (1808-1873) empereur des Français (1852-1870)

Le dernier souverain français (1852-1870)

L’entourage et la cour

Le 2 décembre 1852, à quarante-quatre ans, Louis-Napoléon Bonaparte devient « Empereur des Français ». Si Napoléon III n’obtient pas du pape qu’il vienne le sacrer à Notre-Dame, comme cela avait été le cas pour son oncle, il n’en règne pas moins en véritable souverain, reconstituant une cour et développant une stratégie dynastique.

Napoléon III, empereur des Français, F. X. Winterhalter - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Napoléon III, empereur des Français, F. X. Winterhalter

Grâce au montant annuel obtenu par Persigny pour la liste civile, c’est-à-dire pour le budget de la maison impériale (25 millions de francs ; sénatus-consulte du 12 décembre 1852), la cour du second Empire est bien plus brillante et fastueuse que celles des deux régimes précédents. Fréquentée par les membres de la famille impériale et par la noblesse du premier Empire, ainsi que par les membres des grands corps d’État, la cour se compose encore de représentants éminents de l’aristocratie européenne alors qu’elle est, à l’inverse, largement boudée par la grande bourgeoisie orléaniste et la vieille noblesse du faubourg Saint-Germain. D’une demeure à l’autre, au cours de l’année, la cour suit les pérégrinations du couple impérial : le palais des Tuileries, sa résidence principale (décembre-mai), les châteaux de Saint-Cloud et(ou) Fontainebleau (mai-août), les cures thermales à Plombières et Vichy (été), le camp de Chalons (deuxième quinzaine d’août), Biarritz (septembre) et les séries de Compiègne (novembre) ‒ lors desquelles les souverains reçoivent des centaines d’invités, y compris des savants ou des artistes, dans un cadre raffiné mais moins strict qu’aux Tuileries et selon une liste élaborée chaque fois avec soin par l’impératrice.

Napoléon III en famille - crédits :  Science & Society Picture Library/ Getty Images

Napoléon III en famille

L’entourage de l’empereur se compose avant tout de sa famille et, en premier lieu, de son épouse Eugénie de Montijo, ainsi que de leur fils, le prince impérial. Depuis leur mariage, célébré à Notre-Dame de Paris le 30 janvier 1853, l’impératrice est une partenaire solide pour Napoléon III, qui n’hésite pas à lui confier la régence (lors de la campagne d’Italie en 1859) ou des missions de représentation (inauguration du canal de Suez en 1869). Le prince impérial, né le 16 mars 1856, est une source de fierté pour l’empereur, à la fois comme père mais aussi comme souverain, car il voit sa succession désormais assurée. Dès lors, Napoléon III dépend moins de son oncle Jérôme et du fils de ce dernier, le prince Napoléon (dit « Plon-Plon »), héritier plus ou moins désigné avant 1856. En dépit de son affection pour lui, l’empereur avait essayé de l’écarter de la succession en raison de son caractère difficile (décret impérial du 18 décembre 1852). Quant à la princesse Mathilde, sœur du prince Napoléon et ancienne fiancée de Louis-Napoléon, elle perd une grande part de son influence après le mariage de ce dernier avec Eugénie. Le peu de pouvoir qui lui reste alors lui vient du salon littéraire et artistique qu’elle anime et des postes éminents occupés par son amant, le comte de Nieuwerkerke (directeur général des musées nationaux dès 1849, surintendant des Beaux-Arts en 1863), ce qui lui vaut le surnom de « Notre-Dame des Arts ». Les autres membres de la famille Bonaparte, plus effacés, ne sont pas pour autant oubliés. Chaque année, Napoléon III consacre une part importante de la liste civile (environ 1,5 million de francs) au versement de leurs pensions et n’hésite ni à éponger leurs dettes ni à leur offrir de somptueux hôtels particuliers.

Le cercle proche et intime du souverain est cependant bien plus constitué par les anciens complices de sa jeunesse. Il en fait ses collaborateurs, leur attribuant des postes importants ou des missions de confiance. Mais ce n’est pas parmi eux que Napoléon III choisit ses ministres, qui ne sont en général que de simples exécutants. Persigny ‒ d’une fidélité à toute épreuve ‒ ainsi que Morny[...]

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Écrit par

  • : docteure en histoire, chercheuse associée au Centre d'histoire culturelle des sociétés contemporaines de l'UVSQ/université Paris-Saclay

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Napoléon III, empereur des Français, F. X. Winterhalter - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Napoléon III, empereur des Français, F. X. Winterhalter

Napoléon III en famille - crédits :  Science & Society Picture Library/ Getty Images

Napoléon III en famille

Reddition de Napoléon III à Sedan en 1870 - crédits : G. Dagli Orti/ DeAgostini/ Getty Images

Reddition de Napoléon III à Sedan en 1870

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