PASTEUR LOUIS (1822-1895)
Pasteur est l'un des fondateurs de la biologie moderne, telle qu'elle s'est développée au xxe siècle. Son œuvre scientifique est à l'origine de quelques-unes des disciplines majeures des sciences de la vie : biochimie métabolique, microbiologie générale, étude des virus et bactéries pathogènes, immunologie. Sa « théorie des germes », la pratique des vaccinations (qu'il a lancée) révolutionnèrent la médecine et la science vétérinaire. Si l'image de Pasteur, bienfaiteur de l'humanité, s'est finalement imposée, la vérité oblige à dire que ce grand savant a dû lutter toute sa vie, avec acharnement, pour obtenir les fonds nécessaires à la poursuite de ses travaux. Ses réussites scientifiques, ses luttes victorieuses en faveur de la recherche appliquée, l'ont entraîné, presque malgré lui, dans le mouvement scientiste des chantres du progrès, si puissant à la fin du xixe siècle.
Pasteur chimiste : la recherche fondamentale
Dans la famille de Pasteur, on était patriote et même nationaliste. Son père, Jean-Joseph Pasteur, conscrit en 1811, avait fait la guerre d'Espagne dans les armées napoléoniennes. Sergent-major, il était chevalier de la Légion d'honneur. Après les Cent-Jours, il dut ouvrir à Dôle, dans le Jura, une tannerie pour permettre à sa famille de vivre dans une modeste aisance.
Louis Pasteur naquit à Dôle le 27 décembre 1822. Il était le troisième enfant de Jean-Joseph Pasteur et de Jeanne-Étiennette Roqui, une personne très pieuse. En 1827, la famille déménage à Arbois où Pasteur passe toute son enfance. Jusqu'à sa mort, il gardera envers sa famille, ses amis, sa propriété familiale d'Arbois, sa province et son pays, un attachement sans faille.
Le jeune Louis va à l'école communale puis au collège d'Arbois. C'est un bon élève, qui manifeste de grands dons pour le dessin. En 1839, il entre au collège royal de Besançon ; il y passe le baccalauréat. Pour ne plus être à la charge de sa famille, il prend, dans le même collège, un poste de maître-répétiteur et se met à préparer le concours d'entrée à l'École normale supérieure, à Paris dans la section sciences. Il passe le concours une première fois en 1842 et est admis 16e sur 23. Ce rang était insuffisant pour obtenir une bourse ; Pasteur démissionne donc de l'École et décide de se représenter au concours pour obtenir un meilleur classement. Il suit la préparation du lycée Saint-Louis, à Paris, et, en 1843, est reçu 5e ce qui lui permet de devenir élève-boursier. De 1843 à 1846, Louis Pasteur poursuit de brillantes études à l'École normale et à la Sorbonne ; il est reçu 3e à l'agrégation de sciences physiques en 1846. Nommé immédiatement agrégé-préparateur à l'École normale, il pourra y passer deux ans et commencer des recherches en vue de l'obtention d'un doctorat ès sciences.
Pasteur avait suivi avec passion les cours de chimie de Jean-Baptiste Dumas (1800-1882), qu'il admirait beaucoup, et ceux de Jean-Baptiste Biot (1774-1862) qui avait découvert la polarisation rotatoire de la lumière par les cristaux. C'est donc en chimie, sous la direction du professeur de chimie de l'École normale, Antoine-Jérôme Balard (1802-1876), que Pasteur commence ses recherches. Balard, son directeur de thèse, était un chimiste très brillant : à vingt-quatre ans, il avait découvert le brome. Il était membre de l'Académie des sciences. Dans le laboratoire de Balard travaillait aussi un jeune chimiste plein d'avenir, Auguste Laurent, partisan convaincu de la théorie atomique, récemment formulée (par Dalton, Proust ou Avogadro) et encore très contestée. Le jeune Pasteur discutait beaucoup avec son aîné Auguste Laurent et reprit nombre de ses idées dans ses premiers travaux. En août 1847, Pasteur présenta deux mémoires pour obtenir[...]
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Écrit par
- Paul MAZLIAK : professeur honoraire de biologie cellulaire, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
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