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SAGUER LOUIS (1907-1991)

Compositeur français d'origine allemande, Louis Saguer est toujours resté d'une grande discrétion sur sa propre biographie, notamment sur la première partie de sa vie, qui se prête difficilement aux investigations. De son véritable nom Wolfgang Simoni, il serait né à Charlottenburg (ville qui sera incorporée à Berlin en 1920) le 26 mars 1907, d'une mère artiste peintre et d'un père d'ascendance italienne. Atteint de tuberculose, il passe plusieurs années de son enfance et de son adolescence dans des sanatoriums, tout en recevant une solide formation musicale de deux disciples de Ferruccio Busoni. Il étudie au conservatoire Stern de Berlin avec Wilhelm Klatte et fait un premier séjour à Paris en 1926. L'année suivante, il commence à travailler comme accompagnateur et entre à la Staatsoper de Berlin comme chef de chant, ce qui lui permet de participer aux répétitions de Bruno Walter, Wilhelm Furtwängler et Otto Klemperer. Il est ensuite chef d'orchestre au théâtre Piscator et commence à écrire des musiques de film. Il fait un second séjour à Paris en 1929, où il reçoit les conseils d'Arthur Honegger et de Darius Milhaud. De retour à Berlin, il travaille avec Paul Hindemith et Kurt Sachs. Ses origines juives et ses sympathies communistes l'obligent à fuir l'Allemagne et à se fixer à Paris en 1933. Il mène une vie obscure, fréquentant l'intelligentsia communiste et travaillant comme accompagnateur à la radio. Il s'engage dans les Brigades internationales et part pour l'Espagne combattre Franco. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il doit prendre le maquis en Ardèche et ne réapparaît véritablement qu'en 1947, date à laquelle il adopte la nationalité française. Il enseigne à Darmstadt à partir de 1949 et mène une carrière de chef d'orchestre (au Théâtre national populaire) et d'accompagnateur (de Georges Thill ou Irène Joachim). Il est invité à donner des cours à la fondation Gulbenkian de Lisbonne (1962 et 1968). Il est ensuite nommé inspecteur à la Réunion des théâtres lyriques municipaux de France (R.T.L.M.F.). La S.A.C.E.M. lui décerne le grand prix de la promotion de la musique symphonique. Il meurt à Paris le 1er mars 1991.

Saguer a longtemps conservé la plupart de ses œuvres par-devers lui. Rares sont celles qu'il laissait exécuter et il ne cessait d'ailleurs de les remettre sur le métier, ce qui décourageait les quelques éditeurs audacieux qui acceptaient d'en tenter la publication. Il utilisait en outre différents pseudonymes qui compliquaient encore davantage les recherches pour établir une liste exhaustive de ses œuvres.

Sa musique se situe en marge de tous les courants dominants de son temps. Il cultivait une écriture instrumentale très subtile, riche de poésie et de charme, et avait assimilé les tendances les plus diverses de la musique ancienne et du xxe siècle pour créer un langage original fondé sur les intervalles et sur le rythme. Chacune de ses œuvres est conçue autour de quelques intervalles, formule qui n'est pas sans une certaine parenté avec le sérialisme, qu'il a d'ailleurs pratiqué à la fin des années 1940. Il considérait que la musique ne réclamait aucun commentaire pour être comprise par l'auditeur, et son œuvre est surtout axée sur l'expression. On lui connaît deux opéras — Lili Merveille, d'après Jean-Louis Bory, et Mariana Pineda (1967), d'après Federico García Lorca, qui lui a valu le prix de composition Prince-Pierre-de-Monaco —, deux cantates — Seis Cantares, sur un texte de García Lorca (1960), et Quant'e bella giovinezza, sur un texte de Laurent de Médicis (1972) —, des pièces vocales et des mélodies sur des poèmes de Pierre Emmanuel, Aragon, Shakespeare, André Gide, L. Chaves... Pour orchestre, il a écrit Musique d'après-midi pour flûte et orchestre[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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