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SAILLANT LOUIS (1910-1974)

Fils d'ouvrier, Louis Saillant sera, comme son père, ouvrier et syndicaliste. Apprenti sculpteur sur bois, il n'a que seize ans lorsqu'il adhère, en 1926, à la C.G.T. Trois ans plus tard, il est secrétaire de son syndicat et, à vingt et un ans, il succède à son père comme secrétaire de l'Union départementale C.G.T. de la Drôme. Son dynamisme, son sens de l'organisation lui ont, pour une part, permis d'accéder, très jeune, à de belles responsabilités. Mais, plus que ses qualités personnelles, sa volonté unitaire l'a poussé au premier plan. 1931 est, pour la classe ouvrière française, une année difficile. Les contre-coups de la crise de 1929 se font rudement sentir. Ébranlée, l'économie réagit mal : le nombre des chômeurs va rapidement croître pour dépasser, en 1933, le million et demi. Chômage, réductions d'horaires, augmentation de la productivité scandent les années 1930. L'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler inquiète les plus hardis. Mais les syndicats français – tout comme les partis de gauche – sont divisés. D'un côté, la C.G.T., héritière de la tradition et des « gros bataillons », mais qualifiée de « réformiste ». De l'autre, la C.G.T.U. où se retrouvent les militants communistes, chétive, « gauchiste » avant l'heure et combattive.

À la C.G.T.U. on souhaite l'unité. À la C.G.T. certains seulement ont compris et accepté l'intérêt d'un rapprochement. Louis Saillant est de ceux-là. Des accords de juillet 1935 au congrès d'unification de mars 1936 à Toulouse, la jeunesse de Saillant est marquée par les combats et les victoires de l'unité. À vingt-huit ans, il accède à des responsabilités nationales (il est élu membre de la commission administrative de la C.G.T.) et internationales (il devient membre du conseil d'administration de la Fédération internationale du bâtiment et du bois). La guerre va être, pour Saillant, l'occasion d'une nouvelle longue marche. La C.G.T. n'a pas résisté à la drôle de guerre et à l'interdiction du Parti communiste : des syndicats entiers, au nombre de six cent vingt, sont dissous, d'autres s'étiolent. Dès sa démobilisation, Saillant va à la fois participer à la Résistance – il est un des créateurs, en novembre 1940, de Libé-Nord – et à la reconstruction du mouvement syndical. En avril 1943, il est l'un des signataires des accords du Perreux, qui annoncent la réunification de la C.G.T. En mai, il est au côté de Jean Moulin lors de la création du Conseil national de la Résistance. En septembre, il devient un des cinq membres du bureau permanent avant d'en être élu président. À la Libération, Louis Saillant est élu au secrétariat de la C.G.T., désigné à l'Assemblée nationale consultative. Reçu en consultation par de Gaulle, désigné par son syndicat pour participer à la Conférence syndicale mondiale de Londres, Louis Saillant, à trente-cinq ans, peut croire avoir réalisé ses rêves : la classe ouvrière est unie, la gauche participe au pouvoir. Cela ne durera pas. À peine est-il élu secrétaire général de la Fédération syndicale mondiale – poste qu'il conservera pendant vingt-quatre ans – que les nuages s'amoncellent. En France, tout d'abord, les communistes étant exclus du gouvernement, le mouvement syndical ne peut pas être « insensible » à la modification du climat politique. À la C.G.T. les communistes sont majoritaires. Léon Jouhaux et d'autres dirigeants de l'ancienne C.G.T. vont recourir à la scission. Saillant ne les suivra pas. Mieux, il mettra son prestige dans la balance en publiant une « lettre ouverte à tous les travailleurs membres de la C.G.T. ». Non communiste, Saillant, en refusant la division, choisit de devenir ce que l'on a appelé compagnon de route. À la tête de la F.S.M., il va[...]

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