SAINT-JUST LOUIS (1767-1794)
La mort
La fin de Saint-Just reste une énigme pour l'historien, et sans doute a-t-elle largement contribué à la formation du mythe. Mis dans l'impossibilité, le 9 thermidor, de lire le discours qu'il avait préparé (« Je ne suis d'aucune faction : je les combattrai toutes... » Il n'ira guère plus loin), il assiste impassible à l'offensive des Conventionnels de la Montagne et de la Plaine contre Robespierre et se laisse arrêter sans résistance. Dans la nuit du 9 au 10 thermidor, lorsque les membres de la Commune de Paris insurgée contre la Convention viennent le libérer, il refuse d'abord cette délivrance. À l'Hôtel de Ville, il semble frappé d'atonie. « Oui, c'est moi, ironise-t-il, le dominateur de la France, le nouveau Cromwell », mais il n'agit pas. Usure nerveuse ? Fatalisme ? Lassitude devant les rivalités incessantes au sein du Comité de salut public (un conflit l'aurait même opposé à Robespierre) ? Saint-Just emporte son secret sur l'échafaud le 28 juillet 1794. Quelques jours auparavant, il avait écrit : « Je méprise la poussière qui me compose et qui vous parle ; on pourra la persécuter et faire mourir cette poussière ! Mais je défie qu'on m'arrache cette vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux. »
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Écrit par
- Jean TULARD : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
Classification
Média
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