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SPOHR LOUIS (1784-1859)

Violoniste, chef d'orchestre et compositeur allemand. Spohr entre dès 1799 à la chapelle de la cour de Brunswick, sa ville natale. Après de premières tournées de concerts, il dirige la chapelle de la cour de Gotha (1805-1812) et est nommé en 1813 chef d'orchestre au Theater an der Wien, où il compose son premier succès dramatique, Faust (représenté à Prague en 1816). Il est considéré comme le premier violoniste allemand et a déjà accompli avec sa femme, célèbre harpiste, de nombreuses tournées. De sa renommée témoigne, entre autres, le concerto pour violon op. 47, dit In modo di scena cantante (1816). Directeur de l'Opéra de Francfort de 1817 à 1819, il devient en 1822, sur la recommandation de Weber, maître de chapelle à la cour de Kassel, où il finira ses jours. Sous sa direction, la vie musicale y prend un grand essor, en particulier l'opéra : il y crée son second succès dramatique (Jessonda, 1823), y donne Le Vaisseau fantôme de Wagner en 1843, Tannhäuser en 1853. À l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de son arrivée, il est fait directeur de la musique (Generalmusikdirector). Mais ses relations avec la Cour se tendent, et c'est contre son gré qu'il est mis à la retraite en 1857. Ses dernières années sont encore attristées par une fracture du bras gauche qui lui interdit de jouer du violon. Le nombre de ses élèves de violon s'élevait, paraît-il, à cent quatre-vingt-sept !

Compositeur très fécond dans tous les domaines, on lui doit notamment dix symphonies, dix-sept concertos pour violon et quatre pour clarinette, un célèbre quadruple concerto pour quatuor à cordes et orchestre, une très grande quantité de musique de chambre dont plusieurs pièces faisant appel à la harpe, près de cent lieder, des oratorios, dix opéras... Ces ouvrages en font l'un des principaux représentants du romantisme allemand dans l'esprit de Mendelssohn : d'où à la fois le très grand succès qu'il rencontra de son vivant, sans parler de sa renommée posthume en Angleterre, et l'oubli quasi total dans lequel il tomba par la suite. Certes, il effectua dans le domaine du chromatisme des recherches assez poussées. Mais des tendances vraiment avancées de son époque il ne sut (ou plutôt ne voulut) tirer toutes les conséquences : son goût pour la forme classique, mêlé à un sens très net de l'expression mélodique, déboucha souvent sur le néo-classicisme. Cela dit, ses meilleures œuvres de musique de chambre, comme le célèbre Nonette op. 31 pour violon, alto, violoncelle, contrebasse, flûte, hautbois, clarinette, basson et cor, l'Octuor op. 32 ou le Septuor op. 147, restent de beaux témoignages non seulement de son grand talent, mais de tout un courant musical — courant quelque peu provincial, mais synthétisant non sans bonheur les côtés les plus brillants des traditions que, plus que tout autre, il sut personnifier. Parmi ses écrits, on citera une méthode de violon (Violinschule, 1832) et une intéressante autobiographie posthume en deux volumes (Selbstbiographie, 1860-1861).

— Marc VIGNAL

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