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THALER LOUIS (1930-2002)

Évolutionniste français, Louis Thaler a accompli toute sa carrière scientifique à l'université de Montpellier, au sein de l'Institut des sciences de l'évolution qu'il y avait créé.

Né le 17 juillet 1930 à Paris, Louis Thaler est entré à l'École normale supérieure en 1952. Agrégé en 1956, il fait l'année suivante un séjour d'étude au Département de géologie et paléontologie de l'American Museum of Natural History de New York, alors dirigé par le paléontologue George Gaylord Simpson. Cette rencontre avec l'un des auteurs de la théorie synthétique de l'évolution est déterminante et conforte Louis Thaler dans son projet d'associer dans un même lieu des paléontologues, des généticiens et des écologistes, afin que se concrétise une approche pluridisciplinaire de l'évolution. Cette démarche tranche dans le paysage scientifique français des années 1950, où les « théories de l'évolution » ne sont l'objet que de débats d'opinion, sans que l'on songe à mettre en œuvre des expérimentations pour tester les idées majeures qui sous-tendent le paradigme darwinien.

Simpson n’est pas le seul tuteur scientifique de Louis Thaler. Le premier a été son oncle Paul Ostoya, longtemps directeur du mensuel La Nature, darwinien convaincu et botaniste de terrain. Au Muséum national d'histoire naturelle de Paris, Thaler avait rencontré très jeune René Lavocat qui devait l'initier à l'étude des mammifèresfossiles, et en particulier aux rongeurs, dont il était l'un des rares spécialistes.

Après son service militaire, Thaler est nommé en octobre 1961 chef de travaux au laboratoire de géologie de la faculté des sciences de Montpellier. Profitant d'un contexte local favorable, aussi bien au plan intellectuel que par les ressources géologiques de la région, il entreprend alors une thèse sur les rongeurs fossiles du Languedoc. Il développera une paléontologie des populations de rongeurs qui trouvera des applications dans la datation des terrains continentaux, travaux qui seront appréciés des géologues et autres paléontologues de son entourage, en particulier Maurice Mattauer et Louis Grambast. Parallèlement, il s'entoure d'une équipe de jeunes paléontologues et ainsi se formera un groupe de spécialistes des insectivores, chiroptères, rongeurs, ongulés, primates et marsupiaux, voire des sélaciens.

Après cet outil paléontologique, il développe, à partir de 1970, l'outil génétique pour étudier les populations naturelles. Dans ce but, il fera appel à Nicole Pasteur qui vient d'acquérir aux États-Unis l'expérience nécessaire pour étudier, avec les marqueurs électrophorétiques, le polymorphisme des espèces. Quelques années plus tard, l'outil écologique sera à son tour greffé aux deux autres, avec l'arrivée d'Henri Crozet, qui étudiera la dynamique des communautés de rongeurs. Car ces animaux, vivants ou fossiles, resteront le matériel d'élection des études que dirigera Louis Thaler sa vie durant. Chercheur exigeant, il a conscience que la pluridisciplinarité est une démarche difficile qui ne souffre pas la médiocrité. Dans les trois disciplines, leurs applications permettront de tester les résultats : pour la paléontologie ce sera la stratigraphie, pour la génétique, la systématique, pour l'écologie, le fonctionnement des communautés insulaires. À cette recherche de qualité, il associe son enseignement, et dès 1975 crée une « école d'évolutionnistes » qui formera des centaines de docteurs ès sciences.

Son talent d'animateur s'exprime au mieux dans les dialogues très socratiques qu'il a toujours su mener avec les étudiants et chercheurs, sachant tour à tour critiquer et convaincre, insuffler des idées et se montrer enthousiaste vis-à-vis de la moindre avancée. Pourtant ses remarques sont[...]

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