LOUIS XI (1423-1483) roi de France (1461-1483)
Le dauphin en son Dauphiné
Fils du roi de Bourges et de Marie d'Anjou, né précisément à Bourges dans l'atmosphère sombre de 1423, Louis reçoit, comme tous les enfants nobles de l'époque, une double éducation fort sérieuse : intellectuelle avec Jean Majoris, maître ès arts, licencié en droit et théologien, ami du chancelier de l'université de Paris, Jean Gerson, qui trace le programme de l'éducation du prince ; sportive et militaire avec Guillaume d'Avaugour, bailli de Touraine.
Marié, selon la coutume, très jeune, à treize ans, avec Marguerite, fille du roi d'Écosse, allié de son père contre les Anglais, il devient, à quinze ans, lieutenant général pour le Languedoc, et de ses expériences de jeunesse et d'enfance garde le souvenir concret des distances, des disparités qui s'opposent à la centralisation d'un royaume dont il n'a connu la capitale, à peine récupérée sur les Anglais, que lors d'un bref séjour en 1438.
En 1440, suivant une habitude médiévale illustrée par les fils de Henri II d'Angleterre révoltés contre leur père au xiie siècle et, en ce xve siècle bientôt, par Charles de Bourgogne, dit le Téméraire, contre son père Philippe le Bon, Louis adhère à la révolte des grands seigneurs contre Charles VII et les Angevins tout-puissants à la cour. Le roi mate la Praguerie. Louis, après diverses missions politiques et militaires, et la mort de sa femme qui ne lui avait pas donné d'enfant et qu'il n'aimait pas (1445), est finalement exilé par son père dans son fief du Dauphiné (1447).
Pendant dix ans, Louis administre soigneusement le Dauphiné et y fait son apprentissage de roi. « Ce dauphin en son Dauphiné, c'est déjà le roi Louis » (P. Champion). Il s'y remarie en épousant sans le consentement de son père, en 1451, à Chambéry, une enfant de douze ans, la fille du duc de Savoie, Charlotte.
Par-delà ce mariage apparaît pour la première fois le mirage italien. Les intrigues du dauphin en France n'ont pas cessé. À deux reprises, Charles VII envoie des troupes menacer son fils. La seconde fois, Louis, pris de panique, va se mettre à Genappe, en Brabant, sous la protection du duc de Bourgogne, Philippe le Bon.
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Écrit par
- Jacques LE GOFF : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
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