LOUIS XVI (1754-1793) roi de France (1774-1792)
La personnalité de Louis XVI, dernier roi de l'Ancien Régime, se confond avec les légendes qui se sont attachées à lui : roi faible et incapable, roi-martyr, roi-serrurier... Exécuté pour des raisons politiques, il est accusé d'avoir trahi mais aussi d'avoir été simplement roi. Sa mort marque l'histoire de France durablement, parce qu'elle est liée à l'inauguration d'un nouveau régime, parce que les royalistes en portent toujours le deuil et surtout parce qu'elle illustre les contradictions de l'usage de la violence en politique. Cela est peut-être la clé explicative du destin d'un homme qui, se trouvant à la charnière de temps nouveaux, n'a pas su résoudre les contradictions entre les nécessités de réformes, le besoin de conserver des traditions, la naissance de la vie politique publique et l'abandon du système absolutiste.
Un roi déconsidéré
Petit-fils de Louis XV, devenu dauphin dès 1765, à la suite des décès successifs de son père et d'un frère aîné, il grandit dans une atmosphère familiale difficile, jalonnée de jalousies, qui renforcent les inhibitions dont il souffre. Il a du goût pour l'étude, mais peu pour les représentations sociales inhérentes au « métier de roi » auquel il est mal préparé. Son mariage en 1770 avec l'archiduchesse autrichienne, Marie-Antoinette, alors qu'il a seize ans et elle quinze, met en lumière ses incapacités. Il est aussi gauche et timide qu'elle est pétulante et charmeuse. Louis XV mourant isolé et détesté de tous, leur accession au trône, en 1774, suscite la liesse populaire mais les espoirs qui se portent sur eux sont sans réels fondements et retombent vite. La vie privée de Louis XVI est à l'image de ce revirement. Souffrant d'une légère malformation, il ne consomme son mariage qu'en 1777, délai qui en fait la risée des cours d'Europe d'abord, de ses sujets ensuite, car l'embarras du roi devient vite l'objet de multiples écrits graveleux, voire carrément pornographiques. Louis n'aura été « le Désiré » que peu de temps, en 1774.
Père d'une fille en 1778, d'un garçon en 1781, qui meurt en juin 1789 – ce qui ne sera pas sans incidences sur la politique royale au moment des États généraux –, d'un second en 1785 – le futur Louis XVII – et d'une fille en 1786 qui meurt peu après, il vit dans une cour traversée de conflits personnels et politiques, marquée par la mort, affaiblie enfin par le jeu des coteries. Louis, présenté comme cocu impuissant, est en butte aux attaques venant de tous côtés, de ses frères d'abord, le comte de Provence et le comte d'Artois, jaloux de sa situation, des partisans d'un retour aux traditions aristocratiques tuées par ses prédécesseurs, des réformateurs qui n'obtiennent du roi que des soutiens épisodiques. Ces accusations sont aggravées par la conduite de la reine, qui vit de son côté dans le palais du Trianon, au milieu d'une cour choisie ; elle acquiert une telle réputation de frivolité, que des escrocs pourront faire croire à un prince crédule, abbé de surcroît – le cardinal de Rohan –, qu'elle se livre pour un collier (1785). Cette affaire serait ridicule si elle n'attestait du profond discrédit dans lequel le couple royal est tombé à partir de 1785. La ligne de conduite politique du roi n'est guère mieux comprise.
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Écrit par
- Jean-Clément MARTIN : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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