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LOUISE DE SAVOIE (1476-1531)

Fille du remuant duc de Savoie, Philippe, et de Marguerite de Bourbon, Louise de Savoie épouse en 1490 le comte d'Angoulême, Charles de Valois (1460-1496), petit-fils de Louis d'Orléans. Anne de Bretagne n'ayant donné le jour qu'à un héritier mâle mort au bout de quelques jours en 1502, le fils de Louise (c'est François Ier), est proclamé roi de France en 1515, tandis que sa sœur Marguerite devient successivement duchesse d'Alençon, puis reine de Navarre. Très fière de son « César triomphant » pour lequel, de longue date, elle dévoile dans son très beau journal les passions d'un cœur inquiet, « Madame » joue un rôle politique capital au début du règne de son fils, au point qu'on a pu parler de la « Trinité » formée par François Ier, sa mère et sa sœur. La confiance de son fils fait de Louise la régente du royaume, d'abord en 1515, puis en 1525, au moment des deux grandes expéditions italiennes. Elle tient solidement les rênes du pouvoir durant la captivité madrilène de François et contribue, de concert avec Marguerite, à la libération du roi. Elle est, en partie, l'instigatrice de la coalition patiemment construite contre Charles Quint. En 1529, elle négocie avec Marguerite d'Autriche — cette autre grande figure féminine, de l'entourage de Charles Quint, cette fois — la « paix des Dames » (traité de Cambrai). Sur le plan intérieur, elle pousse, de toutes ses forces, au renforcement du pouvoir de son fils. Héritière de Suzanne de Bourbon, dont elle est cousine germaine, elle entre en conflit avec Charles III, le connétable de Bourbon, dont elle revendique une part d'héritage (Bourbonnais et comté de Châtellerault). On connaît la suite et le dénouement : la trahison du connétable en 1523 et son procès. Par là, elle a contribué à sa manière à l'abaissement du dernier des grands féodaux de France. À tort ou à raison, les contemporains la rendent partiellement responsable du procès et de l'exécution du financier Jacques de Beaume de Semblançay. Très habile, Louise de Savoie, ambitieuse pour son fils, est bien dans la lignée de ces grandes dames qui ont, pour un temps, dominé ou du moins largement influencé non seulement les arts, les lettres, la vie intellectuelle, mais aussi et surtout la vie politique du royaume de France du xvie siècle.

— Jean MEYER

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Rennes

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