Lover man, VAUGHAN (Sarah)
Née dans un environnement familial qui favorise la musique, Sarah Vaughan (1924-1990) apprend à chanter et à jouer du piano dès son plus jeune âge. En 1943, après avoir remporté le concours pour amateurs organisé par l'Apollo de Harlem, elle est engagée dans le grand orchestre de Earl Hines, qui comprend à cette époque Charlie Parker et Dizzy Gillespie. Attirée par les nouvelles conceptions qu'imposent ces deux inventeurs du be-bop, Sarah Vaughan ne néglige toutefois pas un répertoire plus accessible. En petite formation jazz – avec Count Basie, par exemple –, ou accompagnée d'un orchestre symphonique, elle allie expressivité dans les ballades et virtuosité dans le be-bop.
Le standard* de jazz qu'est Lover Man – écrit en 1941 par Jimmy Davis, Roger «Ram» Ramirez et Jimmy Sherman – a été enregistré et interprété sur scène, notamment, par des chanteuses comme Billie Holiday, des pianistes comme Bill Evans ou Bud Powell, des saxophonistes comme Charlie Parker ou Stan Getz. Avec une voix très en avant dans le mixage, cette version lente met en valeur les qualités d'interprétation de Sarah Vaughan, en particulier son legato et son vibrato, parfaitement utilisés à des fins expressives.
On appréciera l'impressionnante capacité de «La Divine» à changer de registre: dans le passage «Love to me», elle va du grave à l'aigu en employant un glissando de transition, marque d'un savoir-faire technique remarquable. Grâce à ses qualités vocales – fruits de sa confrontation avec la musique classique puis avec le be-bop – et à ses connaissances harmoniques acquises en tant que pianiste, Sarah Vaughan a pu aborder toutes les formes d'expression classiques du jazz, du scat à la ballade intimiste, comme ici.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Eugène LLEDO : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore