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LOYAUTÉ

Loyauté et distance

La meilleure manière de saisir les phénomènes de loyauté, c'est de les traiter comme des relations de dévouement et d'attachement entre des individus situés à la périphérie et des individus placés au centre, sous la condition de ne pas oublier les relations de ces deux catégories avec celles qui sont situées au sommet de l'organisation sociale. La distance entre ces personnes affecte évidemment la qualité de leurs positions. Mais celles-ci ne sont pas déterminées exclusivement par la distance hiérarchique car cette dernière peut aussi être vécue comme un éloignement injustifié. Si le sommet du système se perd dans les nuées, la loyauté vis-à-vis des gouvernants risque d'être abstraite et décolorée. Quant à l'effet sur le fonctionnement du système lui-même, il risque d'être dilué. Il faut que les objets de l'attachement et du dévouement nous touchent ou nous soient accessibles. Mais leur proximité peut devenir un principe de corruption : la loyauté se réduit alors à un sentiment ou à un calcul. Dans de telles conditions, la loyauté, loin de consolider le groupe, le décompose en factions rivales et en coalitions instables.

On le voit sur l'exemple du clientélisme, à propos duquel historiens, anthropologues et sociologues ont constitué une abondante littérature. Le clientélisme a été étudié dans trois contextes principaux. Dans certaines sociétés paysannes (en Italie du Sud, au Mexique, au Pérou, en Grèce), l'essentiel des transactions politiques locales se déroulent entre patrons et clients. La relation se caractérise d'abord par son asymétrie. Le patron est propriétaire, il exerce vis-à-vis des peones sans terre un monopole de l'embauche. Il est, en outre, l'intermédiaire obligé chaque fois que le client cherche aide et protection auprès de l'administration publique. Le rapport entre le patron et ses clients s'exerce dans un contexte relativement circonscrit, celui du village, de la famille. Naturellement, les liens tissés dans le village peuvent déborder jusqu'au canton ou à la région. La famille peut être étendue. Quoi qu'il en soit, ces liens restent personnels. Ils s'établissent, par le moyen d' échanges particularistes, entre des partenaires définis par les relations asymétriques qu'ils occupent dans la structure sociale.

On peut encore parler de clientélisme dans un contexte urbain. Les observations de Merton sur le boss américain qui, en échange de leur vote, protège les immigrés sont classiques. Mais le boss à la Merton n'est pas un patron comme le gamonal péruvien. Il s'en distingue au moins par deux traits. Le caractère utilitaire de l'échange est plus marqué dans le contexte urbain que dans le contexte rural traditionnel. Les bénéfices qui font l'objet de la transaction ont un caractère plus spécifique. Il s'agit d'argent ou de services réductibles à une expression monétaire. Le client rétribue par un bulletin de vote ou par un coup de main fourni au boss et à sa « machine » à l'occasion d'une campagne électorale.

La « pression » exercée par certains groupes d' intérêt sur l'administration, la législature ou le gouvernement est d'une autre nature. Elle peut prendre la forme de la corruption pure et simple. En échange d'un texte législatif, d'une décision administrative ou d'un arrêt de justice, les intérêts concernés sont prêts à « payer » parlementaires, fonctionnaires, magistrats en leur offrant de l'argent, des sinécures, des voyages « tous frais payés ». Mais la « pression » peut aussi prendre des formes plus subtiles. Elle peut mobiliser des sentiments qui n'ont pas trop de mal à se faire passer pour respectables. Les bouilleurs de cru passent rarement pour une avant-garde du progrès. Les[...]

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    ...etc.), mais l'imprécision des mesures de performance liée au caractère collectif de la production et à ses aspects qualitatifs en limite l'efficacité. Il faut donc invoquer des mécanismes tels que la loyauté, c'est-à-dire l'identification aux buts organisationnels, pour expliquer l'efficience de la firme....
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