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TONGBIN[LU T'ONG-PIN]

Saint taoïste de la Chine moderne. Sa biographie n'est faite que de légendes, on ignore même s'il a existé. Lü Tongbin est pourtant considéré comme patriarche de presque toutes les écoles taoïstes depuis le xiiie siècle. Ayant échoué, bien que doué pour l'étude, aux concours impériaux de qinshi (docteur), il rencontre un prêtre taoïste qui lui fait vivre, dans un rêve qui dure le temps de faire cuire une bouillie de millet, toute sa vie future. À son réveil, il comprend que c'est illusion que d'attendre le bonheur des honneurs et des avantages pécuniaires, et il devient disciple de ce taoïste. C'est dans les discussions entre le maître, qui se nomme Zhongli Quan, et le disciple, telles que les rapportent les textes (qui, quoique non strictement authentiques, sont néanmoins d'une date relativement ancienne), que se trouvent définis les principes et les pratiques du taoïsme moderne.

Celui-ci se distingue du taoïsme antérieur par l'importance qu'il accorde aux pratiques dites d'alchimie intérieure (neidan). L'homologie entre macrocosme et microcosme y fait l'objet d'une interprétation et d'une nomenclature nouvelles empruntées au Zhouyi cantongqi. Les pratiques alchimiques physiques y sont discréditées. Lü Tongbin refuse de fabriquer de l'or, disant que le plomb changé en or redeviendra du plomb au bout de trois mille ans et dupera alors son propriétaire. Seuls sont considérés comme corrects les procédés physiologiques et mentaux visant à l'union des souffles antithétiques à l'intérieur du corps. Ce processus hiérogamique est souvent décrit en termes sexuels, voire érotiques.

La légende a fait de Lü Tongbin lui-même un bon vivant, un homme libéré de toutes les conventions, fréquentant les lupanars et les demeures des courtisanes célèbres, semant des poèmes dans lesquels il exprime son ironie devant ce monde plein de vanités. Le folklore moderne a fait de lui le premier des Huit Immortels, ces joyeux personnages toujours ivres, que l'on trouve, à toute occasion, dans le rôle d'intermédiaires, aux limites qui séparent le profane et le sacré.

— Kristofer SCHIPPER

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

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