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LUBA ET LUNDA

Structure politique et sociale

Les Luba sont patrilinéaires. Au Kasaï, il n'y a pas d' organisation politique supérieure au village. Au Shaba, le village, formé d'un ou de plusieurs lignages, était dirigé par un chef nommé par un supérieur hiérarchique. Plusieurs villages formaient la chefferie, dirigée par le kilolo, chef territorial. Les chefferies étaient groupées en provinces, qui formaient le royaume. Seules les chefferies des « propriétaires du sol » étaient héréditaires et échappaient aux nominations hiérarchiques. Tous les chefs nommés étaient balopwe, c'est-à-dire membres des lignages des rois légendaires Kongolo et Kalala. Chaque souverain construisait sa capitale ; à sa mort, celle-ci était confiée à une femme qui restait en contact avec l'esprit du défunt et la léguait à ses héritiers ; cette terre sacrée restait libre. Chacun des titres des dignitaires de la cour royale correspondait à une fonction ; le premier était le twite, chef de guerre et commandant d'un corps permanent d'officiers.

Le roi était censé posséder des pouvoirs surnaturels ; il était source de toute vie du fait du balopwe, qualité transmise par le sang dans la ligne masculine et fondement de toute autorité. Le pouvoir absolu du monarque était tempéré par les complots éventuels de ses demi-frères.

Chez les Lunda, le système de descendance n'est pas unifié ; au sud, à cause du voisinage des Tchokwe matrilinéaires, la famille de la mère joue un rôle privilégié ; au nord, la proximité des Luba fait préférer la famille du père. Ces deux influences engendrent dans la capitale Musumba un système bilatéral, les parentés agnatique et utérine ayant une même importance sociale et politique. L'enfant appartient aux deux parentèles et peut choisir de résider dans l'une ou l'autre. Il en résulte une moindre importance des clans, nécessairement unilatéraux.

L'empire Lunda repose sur deux institutions spécifiques et complémentaires : la parenté perpétuelle, c'est-à-dire le maintien fictif, entre les dignitaires, de la parenté biologique qui unissait les fondateurs éponymes et la succession positionnelle, ou identité totale entre successeur et prédécesseur d'un même titre. Ainsi, le Mwata Yamvu actuel est la réincarnation du premier roi de ce nom, la Lueji actuelle est identique à la première, la Lukonkesha est la mère du Mwata Yamvu, passé et présent. Il en va de même pour tous les dignitaires. Ce système donne, évidemment, de la solidité et de la continuité aux relations politiques et rend l'accès aux hautes fonctions plus aisé que chez les Luba, qui les réservent aux seuls balopwe. Le futur Mwata Yamvu, choisi par un conseil de notables, doit être « fils » d'un autre Mwata Yamvu, c'est-à-dire de sang royal par son père ou par sa mère. La parenté biologique bilatérale, renforcée par la parenté perpétuelle attribuée à l'élu, ouvre pour chaque titre un large réseau de successeurs possibles. De là vient probablement l'assimilation aisée à la culture Lunda de tribus voisines, soumises à une aristocratie Lunda.

Comme les Luba, les Lunda entourent le monarque d'un rituel élaboré, spécialement en ce qui concerne ses repas pris à l'abri de tous les regards. Le symbole royal essentiel est le rukan ou lukano, bracelet de fibres serrées recouvert, jadis, de veines humaines. Le Mwata Yamvu est source de toute vie, comme le soleil. Le rituel de son investiture le fait participer à la nature du dieu-serpent chthonien. Un même ordre dispose, autour du roi, les membres du grand conseil, leurs maisons par rapport au palais, la marche de l'armée.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Californie à Los Angeles

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