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LUBA ET LUNDA

Philosophie, religion et art

Les Luba du Shaba ont inspiré à Placide Tempels, missionnaire franciscain, un livre, La Philosophie bantoue, qui a suscité un intérêt international. Formé à la philosophie scolastique, l'auteur a introduit la pensée Luba dans ce cadre occidental, en remplaçant l'Être immuable par le mouvement, la vie, l'action. Les Luba ont-ils vraiment jamais atteint un tel degré d'abstraction ? Peut-être par la voie du symbolisme attaché à la personne royale, source de toute vie. Cette idée rejoint celle d'un dieu unique, transcendant et créateur, attribuée aux Luba par certains auteurs.

Les défunts, oubliés ou non, forment le monde des esprits et vivent chez ce dieu. Il convient de les apaiser ; c'est la fonction d'une association funéraire Lunda, celle des Acudyaang : réservée aux hommes, elle exclut toute fonction politique, mais est encouragée par les autorités. Le but est d'assurer au mort la résurrection par des danses qui imitent le mouvement d'oiseaux aquatiques : l'eau est, en effet, symbole de vie. Des plumes, chargées par association d'idées du même symbolisme, parent les danseurs et le cadavre. L'idée de résurrection est évidemment à rapprocher de celle de la succession positionnelle.

L'art Lunda ne se distingue pas de celui des Tchokwe, tribu du nord de l'Angola dirigée par des chefs Lunda. La sculpture Luba contribue au prestige des chefs : statuettes, sièges à cariatides, bâtons de commandement ont été maintes fois décrits. Le « style de Ruli » est particulièrement remarquable. Les têtes stylisées, mais réalistes, au modelé énergique portent des coiffures compliquées sur la nuque. Le lubuko, petit cadre en bois sculpté surmonté d'une tête, est l'outil d'un devin très sollicité : à toute question il répond oui par un battement, ou non par un mouvement horizontal.

— Jacques MAQUET

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Californie à Los Angeles

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