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CHOQUER LUC (1952- )

L'itinéraire qui a conduit l'auteur des Portraits de Français à la photographie a été long, complexe mais fécond. Né en 1952 à Saint-Leu-la-Forêt dans la région parisienne, Luc Choquer termine ses études secondaires en préparant une carrière dans la marine marchande avant de s'orienter, à l'âge de dix-sept ans, vers une formation universitaire. Des études en psychologie le conduiront en six ans au diplôme d'animateur socioculturel. C'est au cours de ses activités au sein d'une association s'occupant de toxicomanes et d'adolescents en perte de repères que Luc Choquer découvre la photographie d'auteur dans les pages de la revue Contrejour et à travers les expositions de Robert Frank, William Klein et Diane Arbus. Las d'une action sociale dont la politique ne correspond plus à ses propres engagements, il décide à l'âge de vingt-huit ans de devenir photographe. Équipé d'un Zénit, appareil reflex de fabrication soviétique, mythique et bon marché, il commence par sillonner Paris dans l'esprit américain de la Street Photography.

Son premier reportage réalisé à compte d'auteur le mène au village d'Ainay-le-Château dans l'Allier, connu depuis le xixe siècle pour son accueil tutélaire des personnes atteintes de troubles mentaux. Sensible et forte, la série publiée dans le magazine Photoreporter sera suivie en 1980 par un reportage en Pologne dans la région de Gdańsk, sur le premier village affilié à la branche rurale du syndicat Solidarité. Ce sujet, réalisé avec le journaliste Bernard Guetta au prix de quelques difficultés avec le pouvoir communiste, sera publié dans Libération. Ce début de notoriété est à l'origine d'une longue et prolifique collaboration avec le magazine Actuel et d'autres titres internationaux, tels que Marie-Claire, Times, Newsweek, Géo. La couleur qui a cours dans les pages des magazines finit par intéresser le photographe. De contrainte, elle devient partie intégrante d'un style qui sait aussi habilement user du flash communément proscrit par la photographie fine art. Son reportage sur la France profonde fait la démonstration d'une démarche qui est parvenue à s'émanciper du traditionnel noir et blanc, et lui vaut de recevoir en 1985 le prix Kodak de la critique photographique. Intégrant l'année suivante l'agence de presse VU', Luc Choquer voit ses photographies exposées au cours du Mois de la photo 1986 et reçoit la même année la bourse de la fondation Angénieux pour son projet sur la banlieue parisienne, soutenu par le conseil général de la Seine Saint-Denis. Apprécié pour le style incisif et sensible de ses reportages, il réalise plusieurs commandes institutionnelles parallèlement à ses collaborations avec la presse.

Cette pleine activité, qui coïncide avec la maturité, conduit Luc Choquer à remettre en cause son orientation. Avec quelques confrères, il quitte en 1988 l'agence VU' pour fonder un collectif de signatures autonomes nommé Métis et publie l'année suivante Planète France, son premier ouvrage monographique, portrait en couleurs d'une société en forme de mosaïque décrite à travers ses diverses couches sociales, ses villes, banlieues et campagnes. Le projet sur les jeunes femmes russes de la perestroïka reçoit en 1991 le prix de la Villa Médicis Hors-les-Murs et conduit Luc Choquer à travers l'U.R.S.S. de la période Gorbatchev. Un livre, Ruskaïa, paraîtra l'année suivante aux éditions Marval, montrant la personnalité d'un style novateur, capable de conjuguer le mouvement et la couleur pour dépeindre l'extraordinaire vitalité de jeunes femmes jouissant de l'ouverture à l'Occident et d'une liberté jusqu'alors inconcevable. L'ouvrage conçu en quadruples pages pliées deviendra vite une pièce de collection pour bibliophiles après avoir fait école auprès de toute[...]

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