MONTAGNIER LUC (1932-2022)
La découverte contestée de 1983
En 1983, Luc Montagnier, avec Jean-Claude Chermann – un oublié du prix Nobel 2008 – et Françoise Barré-Sinoussi, experts en rétrovirologie et nouveaux venus dans son laboratoire, identifient un rétrovirus humain qui sera bientôt reconnu comme le virus agent causal du sida, le VIH. « L'équipe qu'anime Luc Montagnier dès le début de cette découverte s'attache, dans des conditions difficiles, à caractériser ce nouveau virus et à démontrer son rôle dans le sida, notamment par l'étude de ses propriétés biologiques et la mise au point d'un test de diagnostic sérologique », précise sa biographie officielle. Un euphémisme quand on connaît les conditions de travail de cette équipe et la violence de la controverse qui, sur le thème de la paternité de cette découverte et de ses retombées économiques, opposa d’abord Luc Montagnier à son collègue américain Robert Gallo, puis l'Institut Pasteur à l'Institut national américain du cancer, et enfin, le gouvernement français à celui des États-Unis. En 1986, Montagnier et son équipe découvrent une seconde forme du VIH qui, moins répandue, sévit surtout en Afrique de l'Ouest.
En 1991, l'Institut Pasteur de Paris crée le département « sida et rétrovirus » dont Luc Montagnier prend la direction jusqu'à son départ à la retraite en 1997. À partir du début des années 1990, il s’acharne à démontrer que des mycoplasmes (les plus petits organismes connus capables de se multiplier en dehors d'une cellule vivante) pourraient augmenter considérablement l'effet pathogène du virus.
En 1993, il crée la Fondation mondiale prévention et recherche sida (FMPRS), sous l'égide de l'UNESCO. Il lance le premier Sidaction en 1994. Parallèlement à ses travaux, on le voit progressivement élargir son champ de recherches à l'échelon international, souvent en marge des institutions officielles.
L’année 1997 marque un tournant dans l’activité de Montagnier. Meurtri de devoir quitter l'institution pastorienne dès ses soixante-cinq ans, mais aussi confronté à l’hostilité de certains collègues français, il part pour les États-Unis. De 1997 à 2001, il est directeur du Centre de biologie moléculaire et cellulaire au Queens College de l'université de New York, où il est également professeur. En 2010, dénonçant le « climat de terreur intellectuelle qui règne en France », il rejoint l’université Jiao-tong de Shanghai, une des plus célèbres institutions de recherche chinoises. En 2012, il est pressenti pour diriger un institut de recherche au Cameroun. Mais ce projet n’aboutit pas, du fait de l’opposition de la communauté scientifique internationale.
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Écrit par
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
- Jean-Yves NAU
: docteur en médecine, journaliste, chroniqueur médical sur le site d'information
Slate.fr
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