MARENZIO LUCA (1553-1599)
Un des plus éminents madrigalistes italiens, avec Gesualdo et Monteverdi. Marenzio fut surnommé par ses contemporains il più dolce cigno et divino compositore. Giovanni Contino, maître de chapelle de la cathédrale de Brescia (1565-1567), l'eut peut-être pour élève. Marenzio passa plusieurs années à Rome, auprès du cardinal de Trente, Cristoforo Madruzzo (mort en 1578), puis auprès du cardinal Luigi d'Este (jusqu'à la mort de celui-ci en 1586). En 1588, il est à la cour de Florence au service des Médicis et il participe activement, avec le comte Bardi, C. Malvezzi et E. Cavalieri, aux intermezzos et concertos pour La Pellegrina, comédie de Bargagli donnée à l'occasion du fastueux mariage du grand-duc de Toscane, Ferdinand Ier, avec Christine de Lorraine (1589) ; il écrit notamment pour cette fête le IIe et le IIIe Intermède, sept madrigaux, deux sinfonie pour instruments. À la fin de 1589, il est de retour à Rome au service du cardinal Cinzio Aldobrandini ; il fait partie de la Vertuosa Compagnia dei musici et il est le protégé du prince Virginio Orsini et du pape Clément VIII. Mis à part un voyage en Pologne (1596-1598), à la demande du roi Sigismond III, et un court séjour à Venise (1598), il ne quittera plus Rome.
De ses compositions sacrées, citons quelques motets de haute inspiration (Motectorum pro festis totius anni, lib. I, à quatre voix, Gardano, 1585 ; on n'a pas retrouvé les deux autres livres), tels Hodie Christus natus est, Gabriel angelus ou Tribus Miraculis, et les Sacræ Cantiones (de cinq à sept voix, 1616). Toutefois, il a écrit surtout de la musique profane. Il porta à sa perfection l'art du madrigal (dix-sept livres de Madrigali et un de Madrigali spirituali, de quatre à six voix, de 1580 à sa mort), où ses dons de coloriste et d'harmoniste se donnent libre cours. Il puise à toutes les sources d'écriture, avec un sens inné de la justesse expressive : homophonie, récitation syllabique, canon, imitation, contrepoint en imitation, opposition de deux chœurs. Il incarne superbement ce rêveur sensuel, réclamé par l'Arétin, qui sait peindre pour l'oreille la poésie de la nature. De la sérénité de Quando sorge l'aurora à la tristesse de Giunto a la tomba, en passant par la douceur de O voi che sospirate ou de Solo e pensoso, il sait doser subtilement les effets de surprise. Son chromatisme est ordinairement moins hardi que celui de Gesualdo, mais il brille tout à la fois par l'élégance et la fraîcheur. Chez lui, la villanelle, qui survécut au madrigal comme forme lyrique, conserve le caractère enjoué et le ton léger de la frottola ; il l'écrit à trois voix (Villanelle e Arie alla napoletana, en cinq livres, 1584-1587). Ses œuvres furent souvent transcrites, notamment pour le luth. Citons seulement les vingt-trois madrigaux, traduits par Nicolas Yonge (Londres, 1588), signe de son influence sur l'école des madrigalistes anglais, Byrd, Dowland (qui fut son élève), Wilbye, Weelkes.
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Écrit par
- Pierre-Paul LACAS : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien
Classification
Autres références
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MADRIGAL
- Écrit par France-Yvonne BRIL
- 2 193 mots
...Orazio Vecchi (1550 env.-1605, qui, avec l'Amfiparnasso, donna une sorte d'interprétation musicale de la commedia dell'arte) et surtout Luca Marenzio (1553 ou 1554-1599) et Carlo Gesualdo (1560 env.-1613), qui portèrent à leur perfection tous les caractères stylistiques du madrigal jusque-là...