LUCIA DI LAMMERMOOR (G. Donizetti), en bref
On néglige parfois les apports de Donizetti en faisant de lui un simple épigone du néo-belcantisme italien, tout dévoué à la mise en valeur des voix. La réalité est plus complexe. Archétype de l'opéra romantique italien, Lucia di Lammermoor, créé triomphalement le 26 septembre 1835 au Teatro San Carlo de Naples, est certes un ouvrage « vocal » qui offre à la prima donna un rôle confondant de virtuosité, la célèbre scène de la folie du troisième acte pouvant passer pour la résurgence d'un passage obligé de l'opera seriabaroque, que l'on trouve, par exemple, à la fin du deuxième acte de l'Orlando de Haendel (1733). Mais les morceaux de bravoure sont, dans Lucia, intégrés à des scènes de longue haleine et non plus séparés comme des pièces closes sur elles-mêmes. Et, surtout, le traitement de la voix ne réclame plus seulement agilité et légèreté, mais un élan, une énergie, un héroïsme nouveaux qui ne sont pas sans anticiper sur le con slancio (« avec impétuosité ») qui caractérisera le style de Verdi : bien plus que Rossini ou Bellini, c'est en effet Donizetti qui prépare directement la voie qu'empruntera le compositeur de La Traviata.
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Écrit par
- Christian MERLIN : agrégé de l'Université, docteur ès lettres, maître de conférences à l'université de Lille-III-Charles-de-Gaulle, critique musical
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Médias