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PAVAROTTI LUCIANO (1935-2007)

Un vrai ténor populaire

Pavarotti est désormais célèbre et les plus grandes scènes s'enorgueillissent de l'accueillir. Ses talents de comédien sont limités, mais la splendeur de sa voix balaie toutes les réticences. Dès le début, les comparaisons vont bon train, et le nom de Caruso revient fréquemment sous la plume des critiques.

À ses qualités purement vocales et à sa musicalité innée (car, il ne s'en cache pas, il ne sait pas lire la musique), il joint une prudence méritoire, ne force jamais ses moyens, et se borne la plupart du temps au répertoire italien. Dans des récitals, il se risque à un air du Faust de Gounod, à l'« air de la fleur » de la Carmen de Bizet, mais, s'il a longtemps promis un Werther de Massenet, il ne s'aventurera jamais dans l'opéra français. Parmi ses regrets, deux rôles : celui de Don Alvaro dans La Force du destin de Verdi, et le rôle-titre de Lohengrin de Wagner – sans doute eût-il été un Chevalier au cygne lumineux. Ses incursions dans Mozart (Idamante d'Idomeneo en 1964 à Glyndebourne puis, bien plus tard, en 1982, le rôle-titre du même opéra, dans la production de Jean-Pierre Ponnelle au Metropolitan Opera et à Salzbourg), son goût pour le bel canto (Arturo des Puritains de Bellini, Fernando dans la version italienne de La Favorite de Donizetti), son amour de Verdi (Rodolfo de Luisa Miller, Riccardo du Bal masqué, Manrico du Trouvère) et de Puccini ne l'empêchent pas d'attendre et de n'aborder que progressivement des emplois plus lourds, comme Cavaradossi de Tosca (1976), Calaf de Turandot (1977) et Radamès d'Aïda (1981). Ce n'est qu'en 1991, à cinquante-six ans, qu'il ose Otello, et pour quelques concerts seulement, à Chicago et à New York, sous la baguette de Georg Solti ; il en souligne les côtés les plus lyriques et, avec les moyens qui lui sont propres, finit par livrer une incarnation émouvante et personnelle. En 2004, il fait ses adieux à la scène, au Metropolitan, en Cavaradossi.

Ténor adulé, Pavarotti a réussi à franchir le cercle des mélomanes : populaire, il l'est, et il en profite, ce que certains ne manquent pas de lui reprocher. S'il connaît un échec retentissant au cinéma avec Yes, Giorgio, de Franklin J. Schaffner (1982), il cède à l'attrait de la publicité, notamment pour une célèbre marque de café italien ! Avec ses amis vedettes du rock, de la pop et de la chanson (Liza Minelli, Elton John, Sting, George Michael, Florent Pagny, Céline Dion...), il met sa notoriété au service de causes humanitaires, et organise les fameuses soirées « Pavarotti and Friends », qui attirent des dizaines de milliers de spectateurs en même temps qu'elles exaspèrent les puristes. Sans oublier les concerts des « Trois Ténors » (avec Plácido Domingo et José Carreras), et les disques qui s'ensuivent, une affaire qui s'avère particulièrement lucrative pour les trois compères, qui encaissent des cachets et des royalties astronomiques. Ceux qui lui reprochent le plus ces activités oublient cependant une chose : au début des années 1990, lorsqu'il les a commencées, il avait déjà derrière lui trente ans de carrière, et n'avait plus rien à prouver.

Luciano Pavarotti avait deux violons d'Ingres : la peinture, son jardin secret, et les chevaux. Faut-il y ajouter la mise en scène ? Il s'y était essayé en 1988, à Venise, avec La Favorite. Il avait récidivé à Fano, en 2004, avec son opéra fétiche, La Bohème. Depuis 2006, on le savait gravement malade ; il s'est éteint le 6 septembre 2007 dans sa chère ville de Modène, laissant dans l'affliction la foule de ses admirateurs. Une voix comme la sienne, c'est vrai, ne se rencontre qu'une ou deux fois par siècle. Mais ce soleil continue de briller : les disques de Pavarotti demeurent pour perpétuer son souvenir.[...]

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Média

Mirella Freni et Luciano Pavarotti - crédits : Lauterwasser/ Lebrecht/ Leemage/ Bridgeman Images

Mirella Freni et Luciano Pavarotti

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